Les Ateliers ouverts 2023

Vingt-quatrième édition des Ateliers ouverts. L’événement organisé par Accélérateur de particules permet d’entrer dans les coulisses de la création, partout en Alsace. Sélection d’artistes strasbourgeois à découvrir absolument.

Trois questions à Nahrae Lee

L'artiste Nahrae Lee portant l'une de ses oeuvres. © Laura Conill
L'artiste strasbourgeoise Nahrae Lee (ateliers du Bastion XIV). Photo : Laura Conill.

Pourquoi ouvrir les portes d’un espace qui peut s’avérer intime, un lieu «jardin secret»?
Eh bien… la vie d’artiste que je souhaite personnellement n’est pas celle d’un artiste solitaire. Il est très important pour moi d’être en contact permanent avec les gens, de connaître leur ressenti et leur opinion sur mon travail. C’est essentiel pour moi de savoir si leur appréciation se rap- proche ou s’éloigne du message que j’ai voulu transmettre. Ainsi, avoir un lieu pour présenter mon travail est extrêmement important.

Quels sont tes travaux actuels? Sur quels sujets, quels médiums es-tu concentrée en ce moment?
Le thème principal de mon travail est la trans- formation humaine. En représentant les gens de différentes manières et avec de nouvelles normes, je remets en question l’ordre naturel des choses et notre capacité à évoluer et à changer nous-mêmes. Récemment, je me suis particulièrement intéressée à l’héritage et à la naissance. J’utilise le phénomène d’une bouloche sur un pull comme métaphore que je réalise sous forme de sculptures pour exprimer l’idée d’une existence indépendante de la lignée maternelle qui va de la grand-mère à la mère jusqu’à moi-même. Cette image de la peluche représente la transition de l’héritage maternel vers une nouvelle identité autonome et individuelle.

Quel rapport entretiens-tu avec ton pays d’origine? Y a-t-il un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout, de Corée dans tes oeuvres?
Je dirais que mon travail est plus lié aux per- sonnes que j’ai rencontrées dans ma vie qu’à mon pays d’origine. Je suis née en Corée du Sud, j’ai passé mon adolescence en Chine, je suis arrivée en France à l’âge de 27 ans et j’ai commencé mes études d’art à la HEAR à l’âge de 29 ans. Bien sûr, je parle beaucoup de ma famille dans mon travail, ce qui peut être considéré comme un lien avec la Corée, mais ce sont les expériences que j’ai vécues avec les personnes que j’ai rencontrées dans ma vie, quel que soit le pays, qui ont influencé mon travail. Ces expériences ont façonné ce que je suis aujourd’hui et tout ce que j’ai vécu est une source d’inspiration pour ma création artistique actuelle. Mon identité est un mélange de trois cultures très différentes, mais en fin de compte, je suis le même être humain, quelle que soit ma nationalité.


Parmi ses nombreuses actualités à venir,
Nahrae Lee fera partie de l’exposition
collective des anciens gagnants du prix
de la SAAMS.
23.09 – 26.09 à ST-ART
@nahrae.lee


 

Trois questions à Eric Androa Mindre Kolo

L'artiste Eric Androa Mindre Kolo. © Martin Petit Jean
L'artiste strasbourgeois Eric Androa Mindre Kolo (ateliers du collectif Le CRIC à la COOP). Photo : Martin Petit Jean.

Pourquoi ouvrir les portes d’un espace qui peut s’avérer intime, un lieu « jardin secret » ?
J’ouvre mon atelier pour permettre au public de connaître mon travail : cela me donne l’occasion de rayonner sur le territoire. Ouvrir mon atelier, c’est ouvrir la porte de mon œuvre et présenter mes créations intimes.

Quels sont tes travaux actuels ? Sur quels sujets, quels médiums es-tu concentré en ce moment ?
En ce moment, je développe un projet sur les rites, avec le chorégraphe d’origine ivoirienne vivant à Strasbourg Jean-Louis Gadé. Ce travail en commun va donner naissance à un projet de danses et performances. Je suis actuellement concentré sur l’importance du corps dans le rituel, les rituels comme dynamique des pratiques sociales.

Quel rapport entretiens-tu avec ton pays d’origine ? Y a-t-il un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout, de Congo dans tes œuvres?
Il s’agit de rapports sociaux, artistiques, mais aussi politiques. Ceci me permet de parler des problèmes qui traversent le continent africain et son peuple. Je suis actuellement porteur d’un projet qui s’intitule Rétro, fiction autobiographique sous forme de court métrage. Je retourne au Congo à Aru, mon village natal, pour performer avec et parmi les membres de ma famille, les habitants, les artistes et artisans du village.


@androamindrekolo


Les Ateliers Ouverts 2023
13-14 & 20-21 mai
ateliers-ouverts.net


Par Emmanuel Dosda
Photo par Laura Conill (atelier de design Brouillons) et Martin Petit Jean