Votre film aborde les thématiques caractéristiques au drame, telles l’abandon, la rupture, l’alcoolisme, la maladie, le deuil, mais vous faites le choix de traiter ces sujets avec une pointe d’humour et de cynisme. Face au drame, l’humour comme manière de désamorcer les angoisses ?
Alexis Michalik : Pour les personnages, oui. C’est un humour de résistance. Il y a des choses qu’on contrôle et d’autres non. Quand il arrive des événements tragiques à ce point, que peut-on faire sinon les accepter et en rire ? Il s’agit de fatalité, on ne peut rien changer, autant profiter du temps qu’il reste.
Comment avez-vous abordé le rôle de Katia ?
Juliette Delacroix : Avec beaucoup d’empathie et de bienveillance. Au début, elle est en totale résistance contre l’amour, en protection et le fait, qu’au fur et à mesure, ce personnage s’ouvre et accepte de baisser les armes, de dire oui à la vie, l’amour, la maternité et que tout se retourne finalement contre elle, je l’ai abordé avec beaucoup d’amour. Je me suis retrouvée sur plein de choses, comme le public peut se retrouver dans tous ces personnages.
Alexis Michalik : Comme tu le dis, ça se retourne contre elle, mais elle a vécu, aimé, vibré. Est-ce que souffrir, ce n’est pas aussi être vivant ?
Juliette Delacroix : Dans ce film, aucun des personnages n’est raisonnable et c’est ce qui les rend très touchants. À un moment donné, ils laissent la raison de côté pour foncer. Toute cette histoire tourne autour du fait de prendre des risques.
Comment fait-on pour garder une distance avec un personnage aussi intense ?
Juliette Delacroix : Le temps des prises ou de la pièce, on enfile un masque, on joue un texte. Sinon ça peut-être très lourd à porter. J’ai joué le rôle de Katia près de 300 fois au théâtre et il y a des soirs où on joue avec nos malheurs, avec nos bonheurs. C’est presque cathartique, j’ai réglé beaucoup de choses en jouant ce rôle. J’y ai mis ma sensibilité et ma sincérité, je ne me suis pas toujours protégée, j’espère que c’est ce qui la rend touchante.