Break Douceur

Venu du hip-hop, le danseur multi-facette (couturier, mannequin, réalisateur…) développe son style sensible et composite. On a pu le voir sur scène avec Angèle, Christine and the Queens, Laylow ou lors de la cérémonie des Césars en 2020. Il présente cette année sa deuxième création, Maison d’en face, avec sa compagnie La Marche Bleue. Rencontre avec Léo Walk.

Leo Walk ©Fausto

Vous dansez depuis toujours…

J’ai commencé la danse quand j’avais sept ans. C’était un petit de ma banlieue qui pratiquait le breakdance et on a commencé à s’entrainer ensemble. J’y ai pris plaisir et je suis entré dans un crew avec lequel j’ai parcouru toute la France en faisant des battles. C’était cool !

Comment définir votre style, inclassable ?

Faudrait que je lui trouve un nom ! Je ne sais pas encore comment le définir. Ma danse change d’année en année, mais elle est beaucoup dans le ressenti. Elle est faite de douceur et de douleur, c’est très organique. Certains m’associent à la danse contemporaine, d’autres à de la pop dance. Ma base c’est le breakdance et le hip-hop, mais aujourd’hui ce que je fais est quand même très différent.

Vous collaborez avec de grandes marques. Est-ce qu’il vous semble vendre votre âme ?

Faut bien payer le loyer ! [Rires] Franchement, on vit très difficilement de la danse. Même en remplissant quatre fois le théâtre du Châtelet, à Paris. J’ai beau faire une tournée, il faudrait que je fasse une centaine de dates par an pour en vivre. C’est beaucoup d’investissement pour payer autant de danseurs, les décors… Je vais continuer à collaborer avec de grandes marques, c’est un travail que je trouve intéressant. Là, je suis en train de créer une campagne pour Loewe. J’aime le visuel, je trouve que c’est beau de créer de l’image, c’est comme des peintures.

Quel est votre rapport à la musique ?

Tout est lié, la musique me fait danser ! Quand j’assiste à des défilés de mode, les gens dans la salle ne bougent pas alors qu’il y a du bon son et je suis souvent le seul qui danse. La musique est constamment présente autour de nous et ça me fait réagir. Quand j’entre dans un Uber et qu’il y a de la musique de merde ça peut me donner envie de vomir. Mais si j’entends une musique trop belle, même dans un supermarché, tout d’un coup je vais me sentir dans une poésie et voir la beauté.

Leo Walk et sa compagnie La Marche Bleue (Maison d'en face) ©Fausto

La bande-son du spectacle a été créé avec Flavien Berger…

J’ai travaillé la musique du spectacle comme la danse : ça avait la même importance. Ça a été un long processus en parallèle de la chorégraphie. Nous avons eu beaucoup d’échanges avec Flavien Berger. Je lui ai parlé de choses qui m’émeuvent. On a sorti un vinyle et un album disponible sur toutes les plateformes. Il est tout doux et tout planant, ça va faire du bien aux gens ! On y trouve des musiques de la pièce et d’autres, avec des émotions qui manquaient dans l’heure de spectacle.

Votre nouvelle création s’inspire du quotidien…

C’est une pièce créée pendant le confinement, sur le Covid et l’après-Covid, sur les relations humaines, les nuances dans les relations d’amour. Il y a des parties de ma vie, de l’intimité de mes amis, j’expose du vécu. C’est, par exemple, descendre les escaliers et voir son amie qui pleure à quatre heures du matin et qui danse toute seule parce que ça se passe mal avec son homme. Et moi je retranscris ça sur scène. En gros, c’est la vie quoi !

Votre compagnie regroupe huit danseurs d’horizons différents…

Sans trop me poser de questions, je me suis embarqué dans un travail, depuis plusieurs années, où je crée avec des danseurs qui ont des langages et des visions très différentes. Parfois certains sont brusqués par des choses que je peux dire alors que dans le breakdance c’est normal. On se retrouve avec une manière commune de danser même si on n’a rien à voir au départ.

Quelle importance ont les détails ?

C’est ce qu’il y a de plus important pour moi ! Je suis le plus gros chieur, j’ai perdu des amis à cause de ça… J’ai du mal à lâcher parce que je sais exactement ce que je veux et j’ai un peu l’impression de me mettre à poil sous les projecteurs !


27.10 / 20 h 30
Maison d’en face — Léo Walk & La Marche Bleue
La Briqueterie, à Schiltigheim
ville-schiltigheim.fr


Par Fanny Laemmel
Photo Fausto & Emma Derrier