La routine : un mal ou un bien nécessaire ?
Un bien nécessaire pour inventer. La seule façon de ne pas s’ennuyer, même dans un secteur de spectacles vivants, est d’éviter la routine ou plutôt de considérer que si cela devient une routine, il y a un risque d’assèchement de l’envie pour nous et pour les publics. Dans le même temps, il faut être cohérents et obstinées dans nos démarches artistiques pour ne pas décontenancer le public tous les huit jours en changeant de projet. Pour Pole-Sud, les rendez-vous sont finalement inscrits dans des durées longues mais on essaye à chaque fois de réinventer ou d’imaginer une approche légèrement différente.
Prenez-vous encore des claques ?
Artistiques ? Oui, mais de moins en moins souvent car on voit beaucoup de choses. La dernière claque, c’est probablement Marlène Montero Freitas et son univers totalement baroque, déjantée et d’une intelligence d’écriture rare. Dans le même genre, j’ai aussi beaucoup aimé Marcos Morau (un peu pour les mêmes raisons mais avec un sens de la maîtrise et une mise en scène cinématographique et étrange), on pourrait rapprocher ce travail de la claque que j’ai eu avec Peeping Tom il y a quelques années.
Le spectacle que vous avez programmé récemment et que vous n’auriez pas pu programmer il y a 10 ans ?
Je dirais l’inverse : c’était encore plus possible il y a 10 ans. La production chorégraphique s’est probablement assagie, la question de la performance, de la nudité, de la provocation était encore plus présente il y a 10 ans. Je n’ai jamais eu d’injonction ni d’interdiction quelconque de programmer quelqu’un, et cette liberté est précieuse. Ceci étant, avec la nécessité de programmer pour un plus grand nombre et en tenant compte de plus de diversité de publics, la programmation de Pole-Sud a un peu changé au fil des ans. Il y a encore quelques propositions plus « gonflées », mais dans l’ensemble c’est un peu plus consensuel. La danse utilise aujourd’hui d’autres approches que celles des années 1990-2000. Sous couvert de programme consensuel, on peut lire beaucoup de prises de positions et de revendications. Nous ne sommes plus dans un rapport frontal et politique, c’est plus doux, mais sur le fond, la danse continue à s’engager et à proposer des écritures singulières.
Prochains épisodes : l’équipe de La Laiterie pour les 25 ans de la salle de concerts, et Barbara Engelhardt, directrice du Maillon, pour l’inauguration du nouveau théâtre
www.pole-sud.fr
Propos recueillis par Sylvia Dubost