Pensez-vous que, dans le futur, certains nostalgiques feront des « Pandemic Parties » en souvenirs des soirées Covid clandestines, comme le prédit Xavier Bouyssou dans Le Livre oracle ?
Simon : Sans doute, oui ! L’ensemble de son livre est sur le fil. Nous sommes dans la BD d’anticipation réaliste, la science-fiction idiocratique !
Olivier : Mieux, dans la méta-dystopie : Xavier a imaginé Eva Green interprétant Milady… avant la sortie du film !
Avec les ouvrages édités par 2024, livres illustrés ou bandes dessinées, le lecteur a l’impression de « voyager à travers les sphères » décrites par Anouk Ricard et Étienne Chaize dans Boule de feu…
D’où vient ce goût pour les trips en absurdie ?
Olivier : Au début, nous souhaitions nous ancrer dans la SF : nous nous sommes rencontrés autour d’auteurs qui nous projetaient dans des mondes merveilleux.
Simon : Nous revendiquions l’édition d’une BD de fiction, peu attachée au réel. Je pense à Lemon Jefferson et la grande aventure de Simon Roussin qui joue presque naïvement avec les codes du genre.
Olivier : Aujourd’hui, il suffit de gratter un petit peu pour que le réel apparaisse. Sans pour autant échapper au saugrenu, nous ouvrons de plus en plus notre catalogue à des récits plus politiques ou plus introspectifs, intimes… En 2025, nous sortirons un ouvrage de Laurie Agusti qui parle de la dérive violente d’un masculiniste fanatique.
Il doit vous falloir des forces pour maintenir votre rythme de sorties ?
Simon : Même si nous tenons la forme, il nous est impossible de doubler nos sorties qui sont au nombre de douze par an, qu’il s’agisse des ouvrages « classiques » 2024, du livre jeunesse – la collection 4048 – ou patrimonial, notamment, prochainement, autour de l’œuvre de Benjamin Rabier.
Olivier : Beaucoup de choses ont changé ces dernières années où nous avons gagné en professionnalisme. Avant le Covid, nous étions trois, alors que nous sommes dix aujourd’hui. Le virus nous a été bénéfique finalement, contrairement à la guerre qui a induit la montée du prix du papier….
Êtes-vous animés par un esprit de compét’ pareil à celui décrit par Matthias Arégui dans Le Nécromanchien ?
Olivier : Nous avons une armoire à trophées pour exhiber tous les prix pour lesquels nos livres sont récompensés – et nous comptons bien les remporter tous ! Pour le reste, on n’est pas en compét’ avec nos collègues de la BD indé.
Simon : Nous faisons partie du même syndicat que L’Association, Çà et là, Cornélius, Misma ou Les Requins marteaux. Notre intérêt est commun : que les libraires vendent plus de livres d’éditeurs indépendants, que nous soyons visibles. Moins petits, tous ensemble, nous parvenons à créer la curiosité autour de nous.