Tioklu fait sa release

Par ici la bonne soupe ! Théo Cloux alias Tioklu (ex-T/O) nous reçoit dans son home-studio strasbourgeois fagoté dans une tenue doudou qu’il affectionne tant, large et molle comme un pyjama. C’est en son antre qu’il a concocté sa succulente Electric Soup sauce SF. Un concept album épico-pop, élastico-frappadingue. Un bouillon de cultures à découvrir samedi 30 mars au Molodoï.

Tioklu dans son studio © Laura Sifi
Tioklu dans son studio © Laura Sifi

Rendez-vous au centre de Strasbourg, pas très loin de Notre Dame. Dans le studio / appartement où Théo vit (en colloc’) et travaille parmi synthés, matos électronique et guitares électriques chopés sur Le Bon Coin pour quelques poignées d’euros. Théo décrypte The Electric Soup, « disque moins solennel, autocentré que mon précédent, Ominous Signs où je regardais mes pieds et mon nombril. » Preuve de cette ouverture : les nombreux guests – instruments et chants – faisant partie des ingrédients qui composent ce velouté des familles agrémenté d’épices fortes et étincelantes. La recette de l’Electric Soup faite maison par Théo et sa bande de popotes : coupez des morceaux de glam, de caoutchouc, de sax’, de beats percussifs, de guitare acide et de synthé analogique. Plongez des timbres de voix multiples. Shakez. Moulinez grâce aux appareils ménagers et informatiques. Laissez mijoter, longtemps. Écoutez. Si les voices sont nombreuses (Zoe Heselton, Melissa Weikart, Mathilde Mennetrier, Adrien Moerlen, Emmanuel Szczygiel… des noms qui ne nous sont pas inconnus), difficile de déceler qui chante quoi en ce magma bouillonnant. En réalité, Théo garde le lead vocal. Comme Norman Bates dans Psychose, il incarne les différents protagonistes, avec plusieurs intonations. Dur-dur de résumer le fil narratif de cet album concept façon Beatles…

Stupéfiant

Tentons l’impossible : l’histoire est celle d’un légume anthropomorphe extraterrestre nommé Moosh qui déboule sur terre pour sauver les plus jeunes humains en les conduisant sur sa paradisiaque planète, Loongarten. Le voyage intergalactique (voire métaphysique) se fait grâce à une poudre, non pas blanche, mais pétillante et brillante que les enfants ingèrent. L’étrange être, grâce à sa potion psychédélique, conduit les gamins privés de la lumière du jour vers un monde meilleur. Sur place, la horde de gosses affamés s’apprête à cuisiner Moosh : un sacrifice culinaire sous forme de grand potage revigorant…

Hallucinant

Cette folle aventure de science-fiction fut notamment inspirée à Théo par The Point d’Harry Nilsson, album du début des seventies doublé d’un film d’animation aux tonalités pastel conté – entre autres vedettes du moment – par Ringo Starr, batteur dans le vent. Comme Nilsson, Tioklu accompagne ses titres de vidéos (réalisées par Nina Saulier, ex-HEAR) délirantes. Comme Nilsson, il essaye de « glisser un peu de fantaisie dans un monde obtus ». Afin d’arrondir les contours aigus de notre époque trop saillante, le musicien a usé des pouvoirs de sa récente acquisition, un Moog envoutant, « instrument qui sautille et rebondit ». Les claviers synthétiques sonnant 80’s ou 90’s aident à insuffler du surnaturel dans ses compositions « bavardes ». Addictive, « évolutive », son Electric Soup – faite de boucles qui ne se referment jamais et de rythmiques changeantes hyperactives – a un goût de reviens-y. Vous reprendrez bien une louchée de cet hallucinogène velouté ? Très volontiers.


The Electric Soup, édité par October Tone
Release Party samedi 30 mars au Molodoï
Avec KCIDY, Ethyos440, Mara Zuli et Nygel Panasco
Co-organisation, Pelpass
octobertone.com


Par Emmanuel Dosda
Photo Laura Sifi