Zut, v'là Dosda ! Chez Jérémie Fallecker, directeur de l'association Pelpass

D’habitude, c’est lui qui nous interpelle, dans les salles de concerts ou à la sortie de festivals, à pas d’heure, nous tendant les flyers des nombreux événements qu’organise son association, Pelpass, sourire en coin planqué sous sa grosse barbe. Nous avons décidé, à notre tour, d’aller le solliciter, chez lui, de bon matin. Jérém’, paye ton café !

Nous pensions tomber dans une auberge espagnole foutraque, obligés d’enjamber cartons de pizzas froides, cadavres de canettes et corps de rockeurs inanimés allongés sur une moquette trouée. Mais pas du tout. Parquet ciré. Bibliothèques méticuleusement rangées. Illustrations et affiches bien encadrées. Accueil coquet. Jérémie Fallecker nous reçoit dans un lumineux appartement à deux pas du parc du Contades. Chaussons en laine tricotés par une mamie québécoise aux pieds, il nous mène vers la salle à manger. Nous débarquons en pleine réunion de préparatifs du festival Pelpass. La prog’ est bouclée, l’échéance arrive à grands pas : durant quatre jours en mai, la pelouse du jardin des Deux Rives sera foulée par des milliers de mélomanes, fêtards et adeptes de la philosophie cool pelpassienne.

Portrait de Jérémie Fallecker. ©Christophe Urbain

Tour de table

« Everything is OK » de Fun Fun Funeral, du label strasbourgeois October Tone, tourne agréablement sur la platine tandis qu’on sert du café dans un joli service nacré, on se passe viennoiseries et jus de fruits bio, on se balance quelques piques : « T’as pas écouté le dernier Tioklu ? », « On te comprend pas, tu peux utiliser un terme non-canadien ? »… Autour de la table : Jérém’, directeur artistique, FX, chargé de com’ (et membre de Funkindustry), Jess, responsable des bénévoles et de l’accueil des artistes, et Jo’, coordinateur et tout premier salarié de l’association en 2011. Anaïs, administratrice de Pelpass, n’est pas présente ce jour-là, mais elle est excusée.

Zombies de l’espace

Parmi les rangées de mangas, de BD indé ou de bouquins divers – mélange des passions littéraires de la maîtresse des lieux et de Jérémie –, beaucoup de boîtes de jeux de société. Le boss de Pelpass est un gamer hardcore, tout comme l’ensemble de l’équipe. Quand ils ne s’avalent pas des petits pains au chocolat ou des lunettes au flan, les membres de l’asso jouent : consoles Wii ou Switch, jeux en réseau ou de plateau. Star Wars Jedi : Survivor, Dune, Terraforming Mars ou Lethal Company dont voici les règles : embarqués sur un vaisseau spatial abandonné dans la galaxie, les participants doivent chercher des micros de proximité sans se faire atomiser par d’effrayants zombies de l’espace… Enfin, nous n’avons pas tout compris, mais ça semble bien flippant.

©Christophe Urbain

Garden party

Tout a commencé à Saverne où, Jérémie, le bac même pas en poche, organisa une soirée mémorable avec barbecue et concerts dans le jardin de papa/maman, envahi par près de 1 200 per sonnes. Un carton. L’idée de monter une association (en 2005) et l’envie de se structurer vient très vite. Pelpass constitue une ludothèque de jeux en bois homemade à mettre à disposition du public des différents festivals et étoffe ses troupes. En route pour la professionnalisation avec un passage des référents « croquemonsieurs », « barrières de sécu » ou « crevettes grillées » aux postes à responsabilité.

Les billets du festival Pelpass sont prêts. ©Christophe Urbain

Des événements et du son à la pelle

Aujourd’hui, l’association se compose de six salariés, d’une cinquantaine de bénévoles investis sur l’année et environ 450 au moment du festival. « Ça fait un bénévole pour 7,5 festivaliers », s’amuse Jonathan avant que Jérémie nous conduise jusqu’à son coin musique. Toute une partie de sa discothèque est uniquement constituée de 33 tours d’artistes ayant joué (parfois plusieurs fois) lors des événements estampillés Paye ton Noël, Fanfar’o’doï, Ind’Hip’Hop ou le festival Pelpass : les rappeurs de Clear Soul Forces, les « mecs costumés » et cosmiques de HENGE, les afro-jazzeux solaires Kokoroko, la brassband technoïde Meute, les slameurs folk de Buriers ou les rockeurs cajuns de Canailles… Ça fait un paquet de disques dans le salon de Jérémie. Un paquet de groupes. Une partie de l’histoire de l’asso qui continue de s’écrire, en microsillons et en gros son.

Keskis Pelpass ?

Depuis sa création en 2017, le festival défend des valeurs de diversité, de parité et d’inclusivité. Cette année, il ne fait pas exception à la règle et accueille 52 artistes, dont 24 groupes internationaux. La programmation XXL mêle les styles : l’artiste montant Aupinard et son rap bossa-nova, Les Vulves Assassines, rappeuses punk rap qui promettent « un beau petit bordel », le québécois Alias et son style psych rock, le rap français de Prince Waly, Getdown Services et son apocalyptic disco band ou nos coups de cœur YĪN YĪN et Adult DVD. Cette année, « pour le confort des festivaliers et des équipes », le site sera agrandi d’un tiers et la Militente, dancefloor de Pelpass, va prendre de l’ampleur.


23.05 -> 26.05
Pelpass Festival #7
Jardin des Deux Rives
pelpass.net

13.04
Freestyle Connexion #02
(open mic & showcase)

28.04
Zoufris Maracas
Molodoï
molodoi.net

12.07 -> 14.07
Jérémie Fallecker se charge d’une partie (découvertes et spectacles) de la trentième édition du festival Décibulles (Archive, Disiz, Morcheeba, Irène Drésel, Georgio, Clément Visage…), à Neuve-Église.
decibulles.com


Par Emmanuel Dosda
Photos Christophe Urbain