J’ai saigné de Jean-Christophe Cochard et Jean-Yves Ruf

Dans sa nouvelle J’ai saigné, Blaise Cendrars raconte la période de souffrance, de combat partagé puis de résilience qui suit l’amputation de sa main droite au cours de la Première Guerre mondiale. Jean-Yves Ruf et Jean-Christophe Cochard ont décidé d’adapter ce témoignage direct et cinglant de la guerre en une pièce de théâtre épurée. Rencontre.

Jean-Yves Ruf dans J'ai saigné de Blaise Cendrars. © Alban Van Wassenhove
Jean-Yves Ruf dans l'adaptation de la nouvelle J'ai saigné de Blaise Cendrars. Photo : Alban Van Wassenhove

Amputé de la main droite – sa main d’écrivain – directement sur le champ de bataille au cours de la Première Guerre mondiale, le poète-aventurier Blaise Cendrars fut transporté en urgence en 1915 dans un hospice transformé un hôpital militaire… Commença alors pour lui une période intense de souffrance, de douleur partagée, de combat intérieur – puis de résilience, de solidarité et de renaissance, qu’il racontera quelques années plus tard dans J’ai saigné, un court récit qui marquera à jamais la littérature de guerre. Un témoignage direct, simple, sans fioritures, de la folie humaine, où Cendrars dépeint l’horreur des tranchées et la souffrance des frères d’armes, les plaies à panser et les âmes à soigner – et l’humanité qui tient tête à la barbarie, malgré le cauchemar éveillé, la mort omniprésente, malgré tout. Après avoir travaillé ensemble sur Erwan et les oiseaux ou Figures Péguy, Jean-Christophe Cochard et Jean-Yves Ruf se retrouvent aujourd’hui pour l’adaptation de cette nouvelle en une pièce de théâtre épurée. « Après avoir interprété en solo un texte d’Antoine Jaccoud, j’ai eu envie de réfléchir à la manière de continuer à creuser l’art de l’acteur, raconte Jean-Christophe Cochard, ici co-metteur en scène. Parce que c’est une manière d’engager le corps autrement. » En résulte un seul-en-scène poignant porté à bout de bras par son acolyte de toujours Jean-Yves Ruf, et sublimé par une mise en scène où l’équilibre entre drame et légèreté tient du miracle de la vie.

10 → 12 mai 2023
Théâtre Actuel et Public de Strasbourg


Par Aurélie Vautrin
Photos Alban Von Wassenhove