Le Chant du Père de Hatice Özer

En mai, enfilons nos plus belles tenues pour les deux rendez-vous donnés par Hatice Özer au TNS. L’artiste d’origine turque raconte l’Anatolie centrale, le luth oriental et l’importance de la culture musicale en plongeant le public dans l’ambiance des salles des fêtes ou dans l’arrière-boutique de kebabs.

©Richard Poyeau

Dans vos spectacles, vous rejouez des mariages traditionnels, vous immergez le public dans des soirées improvisées qui sont autant de moments cérémoniaux de retrouvailles.
Je dois d’abord signaler que j’ai grandi en France, dans le Périgord, et je décris surtout la vie de la diaspora turque en France telle que je l’ai connue petite. L’éloignement fait qu’on se rattache plus fortement aux traditions de son pays d’origine. Je débute Koudour en disant : « Je vais jouer de la musique périgourdine ! » Car c’est ainsi que vivait le quartier dans lequel j’ai grandi. C’est important de se retrouver autour de symboles. 

Notre société est-elle en manque de rituels ?
Oui, il faut des moments de rassemblement. Mes spectacles permettent des temps festifs où on sort de sa bulle, on sublime son quotidien. Personnellement, je joue avec les codes de la communauté turque en mettant une belle robe, un costume d’apparat. Un rituel s’instaure d’ailleurs avec mon père qui joue dans Le Chant du père : en tant que musicien ambulant, il avait l’habitude de se produire en privé, pas devant toute une salle de théâtre durant 113 minutes : il a fallu créer des rendez-vous pour répéter, structurer un cadre. Durant cette création, je ne le conduis pas, pour laisser de l’espace à l’impro.  

Pourquoi mettre son père sur scène ?
J’ai joué avec Samuel Achache, Wajdi Mouawad ou Julie Berès sur des grandes scènes. Pour mes premiers spectacles, je voulais me présenter, dire d’où je viens. Avant le théâtre, j’avais déjà la poésie dans ma vie !

Le Chant du père
22 → 29 mai
Koudour

24 + 25 mai
Théâtre National de Strasbourg
tns.fr


Par Emmanuel Dosda
Photo Richard Poyeau