Le temps (et l’endroit) des cerises
Comme la Lorraine, qui a sa mirabelle, élevée au rang d’égérie régionale donnant naissance à d’innombrables fêtes et à l’élection de Miss Mirabelle, l’Alsace – c’est moins connu – fait la cour à la cerise chaque année (fête des cerises, élection Miss Cerises, marché Cerises & Terroir, etc.), en l’occurrence dans le village de Westhoffen qui regroupe une brouette de variétés (Burlat, Summit, Octavia, Kordia, etc.) chacune ayant sa couleur, sa chair plus ou moins juteuse et sucrée, mais surtout un verger conservatoire. Ce très bel endroit réunit 250 cerisiers (sur les 10 000 que compte Westhoffen). On y prend soin de variétés anciennes et nouvelles, on y inculque et transmet les bons gestes tout au long de l’année, que ce soit en direction des professionnels ou des amateurs. Fait intéressant : les cerisiers poussaient autrefois en forêt, étaient donc beaucoup plus hauts et en ont été sortis pour mieux maîtriser leur culture. Aucun producteur ne choie en revanche que des cerisiers (ça tombe bien, la monoculture est un désastre), ceux-ci étant souvent associés à d’autres arbres fruitiers pour favoriser la biodiversité. L’agroforesterie raffole d’ailleurs des cerisiers sur des sols sableux ou compacts. Mais passons sur la technique…
Quelles cerises ?
Les plus appréciées, à consommer sans transformation, restent les noires et en Suisse, Allemagne et Alsace, les noires de Bâle : pleines de goût et sucrées. Elles sont aussi utilisées pour l’inégalable Bettelman – mendiant aux cerises – préparé à base de pains au lait ou restes de brioche, de noisettes ou d’amandes. Les guignes, plus acides, sont utilisées pour la traditionnelle soupe aux cerises (eh oui…) alors mêlées à de la farine, du kirsch et du vin et bien sûr, pour la fabrication du kirsch. Celles-ci sont particulièrement associées aux plats de gibiers. Pour jouer sur le sucre et l’acidité et miser sur une salade pleine de fraîcheur et de caractère, on peut associer la cerise et fenouil et elle est tout aussi délicieuse s’adjoignant les services d’un ceviche. Bref, un fruit plein de relief, à préférer en début de saison pour éviter de s’inquiéter de la présence de vers…