Petit Prince :
Tu viens de Stras toi ?

On l’a découvert à l’occasion de son excellent single Le Jour du départ, Konbini disait alors de lui qu’il était « un ovni qui écrit mieux que la plupart des artistes d’aujourd’hui ». Pas moins. Depuis, il y a eu l’EP Je vous embrasse et en 2020, l’album, enfin, Les plus beaux matins. On ne peut s’empêcher de penser à Tame Impala, Air ou encore Melody’s Echo Chamber : une voix rêveuse, une pop soignée, une production au poil (oui parce que Petit Prince aime visiblement beaucoup les chiens, comme le prouve son titre Chien Chinois, et particulièrement les shar-pei, les meilleurs chiens de l’univers si vous voulez mon avis)… En vrai, il s’appelle Elliot Diener, il a grandi à Strasbourg, a fondé le label Pain Surprises avec Jacques notamment (qui vient aussi de Strasbourg), joue et enregistre avec Arthur Vonfelt, batteur de l’espace qu’on a aperçu aux côtés des formations made in chez nous Freez et T/O.

Petit Prince. Photo : Florine Hill

Sa vie à Strasbourg
« Je suis arrivé à Strasbourg quand j’avais un an, toute ma famille vient de Strasbourg et d’Alsace, j’y ai beaucoup de racine. Je suis parti à 18 ans pour faire des études d’ingénieur du son et pour suivre mes copains aussi. J’étais jeune et considérais qu’il fallait partir à 18 ans, choisir une ville et y aller, vivre l’aventure. »

La simplicité, oui mais…
« C’était très calme, très gentil, très bourgeois, sans problème… J’étais entouré de gens bien, la vie était facile. J’avais un vélo, j’allais jouer au foot, j’allais au Conservatoire. La vie typique du petit bourgeois de province. J’avais la sensation de ne pas être sur la même longueur d’onde. J’étais vu comme un original, je ne me sentais pas vraiment compris. »

… La musique surtout
« Tout petit, ma mère m’a emmené prendre des cours de piano. Le mari de ma prof de piano faisait du violoncelle et je suis vraiment tombé amoureux de l’instrument, j’ai commencé au Conservatoire, mais n’étais pas très assidu. À 14 ans, au collège, j’ai rencontré des gens qui avait un groupe de musique, ils cherchaient un chanteur. Je faisais de la guitare et du violoncelle, mais j’avais trop envie de jouer avec eux. La première fois, c’était les Red Hot, ça m’a fait une sensation de ouf : d’être dans une pièce, que tout le monde joue ensemble, et une musique que je kiffais… Avec un ami avec qui je joue toujours en live et qui fait de la batterie sur mes disques, Arthur [Vonfelt, ndlr], on a rencontré Jacques et là, on est vraiment tombé dans la musique. On ne faisait plus que ça. »

Et puis les concerts
« J’ai vu un des plus beaux concerts de ma vie à La Laiterie, c’était Air, en 2010. Incroyable. Je me rappelle avoir vu Kasabian. J’étais tombé sur un ami qui m’avait fait fumer sur un joint archi-vénère. J’ai passé mon concert à aller au bar demander de l’eau, c’était… Waow… J’ai aussi raté les White Stripes, parce que mes parents s’étaient embrouillés. Mon père m’avait pris des billets à l’époque où ils n’étaient pas du tout connus, ils n’avaient pas encore sorti Elephant. Ma mère ne m’a pas autorisé à y aller, c’est une tristesse infinie qui ne sera jamais comblée. »

Ses spots
« On était vraiment dans un lifestyle où on faisait beaucoup la fête et beaucoup de musique, les deux étaient liés. Il y a un truc dont on parle souvent : quand Jacques avait foutu le feu à une piscine. Ce n’était ni plus ni moins que la fête. Je ne sortais pas particulièrement. On allait quand même beaucoup dans un bar qui s’appelait La Nouvelle Poste, qui, avant de devenir un bar un peu chiant, était un PMU où la bière n’était pas chère et la terrasse énorme. J’allais un peu au Jimmy’s aussi, il y avait des jams. »

Et paf… Pain surprises
« Quand j’ai dit à mes parents que j’allais à Paris pour faire des études d’ingénieur du son, être avec mes copains, organiser des soirées et monter un label, ils n’étaient pas du tout chauds. Ils m’ont vraiment fait la guerre parce que, pour eux, dans la vie il fallait devenir avocat ou médecin. [Rassurez-vous, aujourd’hui ça va beaucoup mieux, il suffit d’écouter son titre Maman 67 pour s’en rendre compte, ndlr] Sans l’exemple de Jacques et Arthur ça ne me serait jamais venu à l’idée. J’ai basculé des grands appartements du centre-ville, une vie facile, une voiture à un studio de 11m2, je bossais au Mac Do en plus de mes études et du Conservatoire. Je volais le papier toilette de ma fac… On a fondé Pain Surprises avec Jacques et Étienne. Et voilà. »

Ses rituels aujourd’hui
« Avant, on se retrouvait tous à Noël. Je reviens de moins en moins, je n’ai plus aucun ami là-bas. J’y vais pour aller voir ma famille un week-end, 4 ou 5 fois dans l’année. J’aime bien me balader dans Strasbourg, je trouve que c’est tellement une ville paisible et belle ! Et manger de la tarte flambée ! »

Ses bonnes adresses
« La meilleure c’est à La Wantzenau à La Cour des chasseurs. Il y en a une qui n’est pas mal mais qui ne surpasse pas La Cour des chasseurs : le Sandkischt à La Robertsau. Et sinon L’Aigle [à Pfulgriesheim, ndlr] ou Le Marronnier [à Stutzheim, ndlr]. Ma mère essaye de m’amener chez Mama Bubbele mais je résiste… »


Petit Prince sera en concert le 20 février prochain à La Laiterie (si tout va bien…)


Propos recueillis par Cécile Becker