Maison de famille
«Nous ne voulons pas décevoir les clients, complète Carole. D’autant plus qu’ils sont fidèles ». Car le Cheval Blanc est une maison familiale. À n’en pas douter. Les gens viennent ici fêter leur communion, leur mariage et leur anniversaire. Ils viennent en famille le dimanche, par tablées de douze à Noël. Certains depuis 30 ans. Cela dit, reconnaissent les maîtres des lieux, la deuxième étoile leur a apporté une clientèle nouvelle. Plus internationale. « Avant, nous avions des Allemands, des Belges, des Luxembourgeois… Depuis, il y aussi des Italiens, des Anglais, même des Américain set des Asiatiques qui jusque-là s’aventuraient rarement au nord. » Ce nord alsacien, pays de sombres forêts au point que dans les années 80, l’association des Etoiles d’Alsace, dont le Cheval Blanc est membre, est précisément née de ce besoin d’alimenter en beaux produits ces terres reculées. À l’heure du recentrage sur le local, le paradigme s’est inversé. Si cela fait sens au yeux de Pascal Bastian, le chef prévient : « Tout ce qui est local n’est pas forcément bon. Et puis, se limiter à un périmètre de 30 km autour du restaurant reviendrait à priver les Alsaciens… de homard et de bar ».
Bibliothèque de saveurs
Alors bien sûr, il y a le décorum qui à ce niveau d’exigence pourra en déconcerter certains : les services en cinq plats, la vaisselle adaptée à chaque bouchée, les émulsions, bouillons, infusions et sauces, beaucoup de belles sauces… « C’est un marqueur que les gens apprécient ! » Mais la cuisine de Pascal Bastian, malgré les codes, a conservé du peps, lui-même reconnait d’ailleurs s’amuser un peu, beaucoup, passionnément en cuisinant… « Je crois qu’on a trouvé nos marques » assure-t-il. Ce que confirme cette habituée : « En cinq ans, là où d’autres se seraient laissés entraîner à la facilité, eux se sont affûtés. »