Quand le terroir s’exprime
Chez Kamm, on trouve du gewurztraminer, du riesling, quelques pieds de sylvaner (par principe, pour conserver la diversité des cépages dans le terroir), du pinot gris et, bien sûr, le grand cru Frankstein, appellation typique de Dambach-la-ville, trésor de subtilité et de tension. À Dambach, on compte sur les terres d’argile, de granite et d’alluvions. Le facteur sol a un impact fort sur l’expression du terroir, autant que la météo ou le relief. « Plus on est en haut de coteaux, plus la roche mère du terroir s’exprime », en l’occurrence le granite. La pluie se charge de faire descendre les argiles. Et ces minéraux-là jouent sur le raisin et les aromatiques. Éric Kamm complète : « Pour faire rêver les gens, j’ai envie de dire que ça se sent dans le raisin, mais en réalité, c’est lors de la fermentation que le terroir ressort le plus et à la dégustation qu’il se dégage. » Le granite incarne la salinité, des saveurs légèrement épicées, quand l’argile est plus riche et lourd, les alluvions font en théorie ressortir plus de finesse. Quand sait-on que le raisin est prêt à être récolté ? « Il faut que le pépin soit entièrement brun. Si la pulpe reste encore un peu accrochée, il faudra attendre un peu avant de vendanger. On fait aussi des prélèvements de maturité qu’on envoie au labo pour calculer le taux d’acidité et ton taux de sucre. » Quand l’équilibre est là : vamos !
Le travail du vigneron
Éric Kamm est un partisan du moindre effort (de la moindre contrainte serait plus juste). Sa philosophie, c’est que la nature fait très bien son boulot toute seule, à condition qu’on sache l’observer, la toucher, la sentir et intervenir lorsque c’est nécessaire. Son truc, comme beaucoup de vigneron nature, c’est la sensibilité et l’instinct. Prendre des notes pour mémoriser les éléments qui joueront sur son raisin ? Très peu pour lui. « Je n’ai jamais aimé ce qui est protocolaire. C’est comme quand je fais la cuisine, je ne respecte rien. » Ses 7 hectares que son père a cultivés avant lui ont tout changé : « Le vin nature m’a immensément sauvé, cette énergie-là c’est une porte de sortie vers plus d’équilibre, dira-t-il. Le travail de la terre te donne une temporalité. J’ai aussi envie de vivre, et ce n’est pas parce que t’y passes plus de temps que c’est meilleur. Il faut vivre simplement et se rappeler que demain, t’es plus rien. Un jour, tout peut s’arrêter, autant en profiter. »
Domaine Jean-Louis et Éric Kamm
59, rue du Maréchal Foch à Dambach-la-Ville
www.vins-kamm.fr
Par Cécile Becker