Simon Auscher :
Tu viens de Stras, toi ?

Simon Auscher, c’est un infatigable gourmand, jamais avare en projets tournant principalement autour de l’assiette. Ancien associé et directeur de salle du (feu) Tannat, il bichonne aujourd’hui et avec ses deux associés (strasbourgeois eux aussi…) 11h59, une cantine volante et responsable pour les entreprises et Psomi, le restaurant qui lui est adossé. Il a fait une entrée fracassante dans le food game Instagram en postant des recettes de la débrouille lors du premier confinement et… a grandi et étudié à Strasbourg.

Psomi, c'est le restaurant d'11h59, même concept : de bons produits, sourcés localement, des recettes bougrement bien ficelées, simples et efficaces. Donc oui, là Simon Auscher fait dans l'auto-promo et le regard au loin et il a bien raison. © Mika Cotellon

C’est qui, lui ?
Ancien associé, directeur de salle – et homme à tout faire – du (feu) restaurant parisien Tannat ouvert et tenu par une belle brochette d’expat’ strasbourgeois (Tom Dingler a notamment été au casting), Simon Auscher se consacre depuis à 11h59, une cantine volante et responsable adressée aux entreprises qui ne disposent pas de cuisine. La team dispose de ses propres jardins, favorise les produits locaux et développe sa propre gamme de vaisselle réutilisable avec Ludovic Roth, expat’ lui aussi, qui a fondé le studio de design Arro.
Le premier confinement a été l’occasion pour Simon Auscher de partager sur sa page Instagram perso ses talents de cuisinier. On a adoré ses recettes simples et goûteuses (il fait autant dans le raffinement que dans la gourmandise) conçues avec les moyens du bord – coup de cœur notamment pour son burger végé et son incroyable bun maison et récemment, sa spanakopita. Heureusement, il continue de nous régaler et notamment, aussi, via le réseau écotable qui malgré les restrictions continue de soutenir et de mettre en avant ses restauratrices et restaurateurs.
As des fourneaux comme du service, Simon s’est formé à l’école hôtelière de Strasbourg, ville où il a grandi et étudié, et aux côtés de Jean-François Piège (Thoumieux). Vivant et travaillant à Paris, il garde un lien fort à Strasbourg : ses deux associés à 11h59 sont Strasbourgeois, ses meilleurs amis sont d’ici, et sa femme, Chloé, vient aussi de nos contrées – bien qu’il l’ait rencontrée à Paris. Comme quoi, on y revient toujours et par tous les biais…

L’arrivée à Strasbourg
« Je suis né en Côte d’Ivoire d’un père parisien et d’une mère camerounaise. Lorsqu’il a été question de quitter la Côte d’Ivoire, mon père n’a pas eu envie d’habiter Paris, il a choisi Strasbourg où il a décroché un post de prof en maths spé. J’avais cinq ans. L’anecdote, c’est qu’un de ses amis prof à Ort et passionné de généalogie l’a aidé à retrouver ses racines. On s’est rendu compte que le nom Auscher venait de Lauterbourg. On y a retrouvé les tombes de nos ancêtres, je me souviens très bien de ce moment… »

Son goût pour la cuisine
« J’aime ça depuis tout petit. Mon premier vrai souvenir, ce sont mes parents qui me demandent ce que je veux pour l’anniversaire de mes 12 ans ; je voulais manger dans un restaurant étoilé et nous sommes allés au Cerf à Marlenheim. Et puis j’ai toujours aimé cuisiner avec ma mère. Ma première recette ? Je devais avoir 9 ou 10 ans, ma mère était coincée au lit avec un lumbago, j’ai cuisiné tout seul un lapin bonne femme, une recette qu’elle nous faisait souvent. »

L’adolescence, RAS
« J’étais au collège du Ried et au lycée Marc Bloch, j’ai adoré ! C’était Disneyland pour moi. S’y mêlaient les enfants de bonne famille alsacienne et de famille immigrée de partout dans le monde. J’ai beaucoup séché les cours, pour pas faire grand-chose : console, foot, j’ai pas mal zoné. »

Vive la fête !
« Un peu avant le BTS, j’ai découvert la nuit. J’ai pris beaucoup de plaisir à passer mes week-ends au Living Room et au Rafiot, je me souviens d’ailleurs des soirées Ghetto Hype : mémorables ! On organisait beaucoup de soirées étudiantes et je crois que ça a nourri mon goût pour la fête. Ah, quand les dancefloor vont rouvrir… »

Ses eat spots
« Tous les dimanches soirs après mes matchs de tennis, on allait à La Fischerstub. En plus de leur incroyable cordon bleu, je prenais une entrée. À bien y repenser, je ne sais pas comment je faisais… Toute cette viande ! J’allais aussi au HK [installé en lieu et place du Square Delicatessen, ndlr] qui était un des rares restaurants accessibles où tu pouvais emmener ta copine sans passer pour un blaireau. [Rires]. Aujourd’hui, je passe toujours voir les copains à La Binchstub pour leurs tartes flambées et l’ambiance – d’ailleurs, je ne me risquerais jamais à manger une tarte flambée en dehors de l’Alsace – et j’aime toujours beaucoup Les Trois Chevaliers. »

Ses rituels
« Noël, c’est une des meilleures périodes pour revenir : en fonction de l’horaire on me trouve invariablement à la Binch’, au Phono’ ou au Living. Tu vas au Phono’ deux soirs et tu es sûr d’avoir croisé tout le monde. »

La mafia strasbourgeoise
« À Paris, je ne connais pas d’autres gangs comme celui de Strasbourg. On est et reste très proches. Mes deux meilleurs potes, Gianni et Ghislain, viennent d’ici. Tom Dingler qui était l’un des associés du Tannat cache encore son accent alsacien aujourd’hui… On ne parle même pas d’amitié mais de famille. En fait, tes potes strasbourgeois tu ne les oublies pas, quand tu as besoin de quelque chose c’est vers eux que tu te tournes. Et puis, professionnellement, elles et ils sont bonnes et bons dans ce qu’elles et ils font. Ce n’est pas par chauvinisme que je dis ça mais je le constate ! »

Ce qui lui reste d’ici
« Des expressions surtout. Un petit “fatch” sort de temps en temps. “Hopla” toujours quand je suis avec des potes alsaciens et “frèch” qui ressort sans raison apparente pendant nos réunions d’associés. Et puis mes parents bien sûr, et ma belle-mère. »


Retrouver ses recettes sur sa page Instagram
Le site internet de 11h59
Le label écotable


Propos recueillis par Cécile Becker