Une large et lourde grille en fer forgé révélant une cour intérieure magistrale, une architecture néo-gothique imposante chargée d’histoire, l’Hôtel des Postes n’est a priori un lieu pas simple à habiter de manière éphémère.
Il fallait trouver le juste milieu : faire preuve d’humilité pour laisser s’exprimer la beauté des espaces – et éviter l’écueil de la surcharge de déco et de couleurs – mais y insuffler ce qu’il faut de chaleur pour laisser artistes et visiteurs s’en saisir. Le pari est réussi : difficile de ne pas être séduit.
La Biennale, projet de la commissaire Yasmina Khouaidjia, est loin de se résumer à un espace d’exposition, elle s’envisage comme un véritable lieu de vie et notamment, grâce au Café biennale ouvert du mercredi au dimanche. Rob se souvient : « C’était un soir fin juin – début juillet, Yasmina est passée au Phono et m’a parlé de son projet d’exposition. Elle m’a simplement dit vouloir y adosser un bar mais a insisté sur le côté atypique. Évidemment, j’ai été intéressé : j’avais envie de quelque chose qui change de ce qu’on a déjà vu et le faire de manière entière et intelligente. On est ici dans la capitale de l’Europe et en plein centre-ville : il faut donner aux projets l’ampleur qu’ils méritent et que la ville mérite. Je n’avais pas envie d’un simple bar, mais de l’accompagner d’une programmation internationale costaude. » Il contacte Elsa Plaza, déjà programmatrice pour le Fat, qui saute sur l’occasion pour sortir des soirées électroniques et hip-hop auxquelles le club strasbourgeois nous a habitué. Quelques discussions ont suffi pour envisager le « bar » de la biennale comme un café-club-concert (et même, quasi centre culturel puisqu’il accueille aussi des ateliers).
Des concerts et soirées club
Isolation, électricité, arrivée d’eau, investissements pour monter une scène, cachets pour les musiciens, Rob investit son argent personnel (la gestion, les financements et horaires d’ouverture sont indépendants de l’exposition, même si les deux lieux sont liés) pour faire tourner ce projet auquel il croit. « Faire des concerts ici, ce n’est clairement pas rentable. Mais le but, ce n’est pas d’être rentable, c’est d’essayer de se faire plaisir, de faire du bien aux gens et de marquer les esprits. » Autrement dit : il faut une bonne dose de générosité et avoir de l’ambition pour sa ville pour se lancer dans une telle aventure… Sur une échelle comme celle-là, avec les contraintes que le bâtiment suppose tout en souhaitant garder le lieu ouvert, accessible et gratuit (sauf soirées spéciales et concerts évidemment, dont les tickets d’entrées sont très raisonnables), impossible de prétendre à la machine à fric.