« J’ai toujours été bassiste, le musicien qui reste derrière son ampli », s’excuse-t-il. En dépit d’une humilité palpable, il demeure le personnage qui, à « 56 balais », a tout connu des musiques actuelles. Ce père de deux grands enfants – « plutôt rap que rock » – est tombé très tôt dans « la magie du spectacle ». Par l’intermédiaire d’un grand-père marionnettiste et d’un père marin qui ramène des disques de Bill Haley et de swing depuis New York. La suite est presque écrite : première guitare à 12 ans, premier groupe à 15 avant d’écumer les cafés concerts et centres socio-culturels du sud de l’Alsace. Il devient intermittent en 1985, tendance couteau-suisse : musicien, roadie, technicien du son, booker pour ses groupes et ceux d’Arnaud, son petit-frère batteur. Tous deux se retrouvent d’ailleurs au sein de Top Model. « Je me rappelle qu’on passait des auditions à Paris. Lui est pris et, finalement, moi pas. Cela m’avait fait réfléchir sur mes moyens musicaux. A part faire mon truc, j’avais du mal à faire le requin de studio », raconte Olivier Dieterlen. À l’inverse, la carrière d’Arnaud décolle aux côtés d’Alain Bashung, Rodolphe Burger, Jad Wio…
Monsieur SMAC
Sans regrets pour l’aîné puisque Mulhouse va lui permettre de transposer sa « passion en projet professionnel ». En 1988, il co-écrit un texte intitulé « Pour une maison du rock à Mulhouse » avec Jean-Luc Wertenschlag, autre pionnier de la cité du Bollwerk. Réunis dans FMR puis la Fédération Hiéro avec d’autres bénévoles, on les surnomme « les militants-bâtisseurs ». Le Noumatrouff ouvre ses portes en 1992 dans le cadre d’un programme de réhabilitation de friche industrielle. « On était fiers, cela reste une expérience citoyenne forte », se remémore Olivier Dieterlen. « Le Nouma est un peu le reflet de toutes ces politiques culturelles qui se sont mises en place il y a 30 ans. » En 1998, il en devient salarié en tant qu’administrateur et en contrat aidé lorsque la salle hérite du label SMAC, tout juste imaginé par Catherine Trautmann alors ministre de la Culture.