La routine : un mal ou un bien nécessaire ?
Pour ma part, je ne peux pas parler de routine. Certes, il y a des procédures qui structurent un fonctionnement interne et la gestion au quotidien. Mais le travail de prospection et de recherche, d’échanges avec le milieu professionnel et les artistes, l’implication concrète dans des créations, la conception de projets ou de saisons, tout cela ne connaît pas la routine !
Prenez-vous encore des claques ? La dernière fois c’était quand ?
Si ce n’était plus le cas, ça m’inquièterait… Une des dernières fois, ça a été lors d’une performance de Steven Cohen, artiste excentrique sans être narcissique, qui place au centre de son travail sa propre identité d’homme blanc, juif, queer et sud-africain.
Dans Put your heart under your feet… and walk!, il invente un rituel de deuil pour son compagnon décédé, dans une performance à la fois intime et spectaculaire, « baroque », artificielle dans un certain sens. Celle-ci mêle des gestuelles et des souvenirs très personnels aux images d’un abattoir d’une intensité macabre. Il crée une atmosphère contradictoire, aussi féérique que morbide, aussi monstrueuse que profondément humaine. C’est fascinant et inquiétant en même temps.
Qu’est-ce qui vous fait continuer ?
Je suis au début de la mise sur pied d’un projet. C’est très excitant d’emménager dans ce nouveau lieu, de le faire découvrir au public. On sait qu’on pourra y aller plus loin aussi dans les formats qui accompagnent les spectacles et les créations.
Pour moi le spectacle vivant reste quand même l’art de se pencher sur la nature humaine, dans des formats très différents, mais surtout en mettant en question nos convictions. Je passe aussi par des moments d’insatisfaction ; certains sujets sont trop à la mode, certains formats s’épuisent. Mais tant que le spectacle reste en mouvement, tant qu’il se produit des discours ou réagit à des discours, c’est pour moi un interlocuteur sur des sujets de société.