Madrigals de Benjamin Abel Meirhaeghe

L’astre libre et montant de la scène belge, Benjamin Abel Meirhaeghe, adapte les Madrigali guerrieri et amorosi, de Claudio Monteverdi (1638) pour en faire une pièce dansée mi-baroque, mi-electropop. Madrigals interroge nos représentations à la lumière du jour.

Représentation de Magrigals de Benjamin Abel Meirhaeghe au théâtre.
Représentation de Madrigals de Benjamin Abel Meirhaeghe au théâtre Le Maillon. Photo : Bart van Merode

Contre-ténor, interprète, réalisateur de performances sonores et visuelles, Benjamin Abel Meirhaeghe incarne plusieurs aspects de la créature hybridée dans une temporalité qui dépasse les représentations couramment admises. Dans Madrigalsil met en scène huit interprètes, deux chanteurs professionnels, cinq danseurs et un performer de théâtre musical, en maître de cérémonie, pour se réapproprier le livre huit des madrigaux de Monteverdi et déployer, autour d’un feu originel, ce qui fait l’amour et la guerre. Les poèmes lyriques polyphoniques mêlent les sentiments de la nature à un élan métaphysique et se marient, sur une partition enrichie par la pop expérimentale de Jesse Kanda – qui a notamment oeuvré avec Björk, Arca ou FKA Twigs -, aux danseurs-chanteurs qui s’approprient le raffinement de la Renaissance tardive italienne. Sur scène, la communauté dénudée et débridée, en quête de sens, va s’agiter et se ritualiser autour des flammes, au rythme de petites cantates dramatiques et dans un mouvement perpétuel d’agitation puis de repos. La mise à distance du désir, des émotions et de la sensualité, que propose Meirhaeghe porte la marque d’un besoin puissant d’affranchissement et le sceau d’une restitution organique de la beauté.

Après The Ballet, performance conçue avec le danseur Emiel Vandenberghe, Meirhaeghe affine sa voix/x à l’Opera Ballet Vlaanderen où il crée A Revue en 2020, un spectacle à la puissance visuelle étonnante. En 2021, Spectacles prend la forme d’un concert rituel transformé en expérience théâtrale qui n’est pas sans rappeler la démarche de Romeo Castellucci et son Requiem. En 2021 toujours, il ouvre le défilé d’ouverture de la Semaine de la mode de Berlin et donne un caractère performatif à l’exposition « E/MOTION » du MOMU d’Anvers. Il fait désormais partie de la direction artistique de la Toneelhuis à Anvers. Porté par une vision de Gesamtkunstwerk, la scène devient une chambre d’écho où les formes traditionnelles et les expérimentations nouvelles peuvent se rencontrer. Fasciné par les révolutions à venir, sans s’opposer à la préservation du répertoire existant, Meirhaeghe relève le défi de combiner des fragments classiques avec des représentations actuelles et des sons radicaux. Ses spectacles sont comme des rituels mystérieux et contemporains qui peuvent se reconnecter à la vie qu’il connaît, aux émotions réelles, à nos expériences et à la pensée politique d’aujourd’hui.


Pièce de théâtre Madrigals
11 & 12 mai à partir de 20h30
Théâtre Le Maillon


Par Valérie Bisson
Photo par Bart van Merode