Implantée en entrée du village de Laubach, à l’orée du Parc naturel régional des Vosges du Nord, La Merise semble noyée dans la brume en cette matinée d’automne maussade. Devant la grande bâtisse à pans de bois et briques de grès rose, nuls cerisiers sauvages, mais des rangées de pieds de vigne, prêts à rentrer en dormance pour l’hiver. « En alsacien, les habitants de Laubach étaient appelés les picoreurs de cerises », nous éclaire Cédric Deckert, le maître des lieux, déjà affairé à tailler des pommes en cuisine. Nous sommes passés par l’entrée des artistes, pressés que nous étions de fuir la fraîcheur humide des premières heures de l’aube.
Cocon aux tons nacrés
Pendant que Cédric finit sa mise en place, Christelle, sa femme, nous conduit au salon. La lumière tamisée du lieu, sa moelleuse moquette beige, ses discrets tableaux dorés et ses grandes baies vitrées ouvertes sur les champs alentour, invitent à l’indolence. « Nous voulions créer un lieu qui donne une impression d’espace, où les clients pourraient prendre leur temps », confirme le chef aux deux étoiles Michelin, venu nous rejoindre autour d’un cake et de trois cafés. Ce restaurant de plus de 600 m², le couple l’a construit de toutes pièces, utilisant pour l’extérieur des matériaux récupérés sur d’anciennes maisons alsaciennes et optant à l’intérieur pour une décoration moderne. Une dichotomie qui se retrouve aussi sur la carte. « Je n’aime pas ce terme, mais on retrouve effectivement dans mes plats une base classique, rehaussée de petites touches exotiques », concède Cédric Deckert de sa voix faussement fluette. « Je pense surtout que ma cuisine reflète mon caractère : franc, direct, sans superflu. » Et c’est vrai que le quadragénaire semble aimer aller droit au but, avec ses réponses courtes et ciselées, et ses phrases sans détour.