Sur F.A. Cult, vos univers respectifs se complètent mieux qu’auparavant. Votre manière d’interagir les uns avec les autres a-t-elle évolué ?
A.A. : En tant que compositeur principal de ce disque, ce qui m’a permis de créer une musique qui nous ressemble davantage ce sont les années. Aujourd’hui, je connais mieux que jamais les membres de ce groupe. Quand je propose une mélodie vocale à Zeynep, il y a plus de chance que ça tape juste et qu’elle s’y retrouve. Tout cela, c’est finalement de l’écoute. La maturité, c’est aussi dans les relations humaines, pas uniquement dans l’écriture.
Z.K. : Quand Atef m’a fait écouter le premier morceau de l’album, j’ai eu la sensation d’entendre véritablement ma voix. Je me suis sentie plus libre dans l’interprétation. Et puis, le départ de Geoff, nous a poussé dans un traumatisme dont nous sommes finalement sortis plus proches que jamais, notamment dans l’écoute. Il y a aussi plus de place pour chacun donc peut être que ça joue.
Je rebondis sur ta voix Zeynep car il y a eu véritable travail sur celle-ci. Nous te connaissions plus viscérale et primaire. Maintenant, ça se pose, c’est plus élégant.
Z.K. : Dans les autres albums, j’étais dans une époque plus cash. Maintenant, j’ai davantage envie de raconter des histoires, d’être dans du storytelling.
Et Delphine, quelle est ta place dans tout ça ?
Delphine Padilla : De la même manière que Zeynep, quand je sens que la composition me correspond, cela me permet de rentrer dans ce que je suis réellement, de personnifier mon univers. En termes de compositions pures, j’apporte ce que je peux de mon moi intérieur, de mon âme.
A.A. : Finalement, lorsque je propose une rythmique à Delphine, même si elle la reproduit, elle va aussi totalement changer le résultat. C’est son jeu, sa patte et sa façon d’exécuter la chose. Il va jaillir quelque chose qui n’est pas initial à ma partie créative.
Qu’en est-il du travail de la langue ? Pour Le Parfum de la Nuit, Zeynep, c’est la première fois que tu chantes en français. Il y a également le turc dans Rockstalari. Pourquoi ce mélange des langues ?
A.A. : L’anglais est pour nous une logique disciplinaire. C’est la langue du rock. Le français et le turc pour le coup, sont deux évidences que nous avons embrassées pour la première fois avec F.A. Cult. Cela fait partie de ce coming-out : nous avons tenté d’être au plus proche de ce que nous sommes : turcs, français, anglais, tout ça à la fois.
Z.K. : Avant, j’écrivais toujours en anglais car c’était la langue dans laquelle je me sentais la plus à l’aise et qui sonnait avec la musique que je voulais faire. Les langues ont leurs caractéristiques linguistiques et leurs sonorités m’inspirent. Le turc n’est pas une langue facile à accoler au rock. Un jour, il y a eu un morceau, une mélodie et en l’analysant, ça sonnait parfaitement avec le turc. Pour le français, c’était quelque chose que je n’avais jamais osé. Mon choix s’est d’abord fait par rapport aux sonorités du morceau.