La brasserie Uberach est un véritable monument local et lieu de pèlerinage des amateurs de bière artisanale. Au froid des deux précédents entrepôts succède la chaleur de la brasserie. Fait exceptionnel, nous sommes en avance ; pris au dépourvu, Éric Trossat, le fondateur, nous propose d’aller nous balader dans la brasserie et de prendre toutes les photos dont nous avons besoin.
On s’affaire de toutes parts. D’une sorte de promontoire, j’observe le ballet des employés aux pieds des cuves pendant que notre photographe s’en donne à cœur joie. La forte odeur de houblon semble s’estomper, en réalité ce doivent être mes narines qui se font aux émanations de fermentation. Être ici me ramène curieusement à mes premières années d’université à Strasbourg, j’avais décroché un petit job à l’Atlantico et je me rappelle à présent les habitués qui me réclamaient une « Uberach », c’était en 2000, tout juste un an après l’ouverture de la brasserie d’Éric.
Ce pionnier de la bière artisanale avait pensé sa gamme en porte-à-faux de l’offre d’alors. Avec moins d’amertume mais tout autant de caractère, le brasseur du Val de Moder voulait proposer des bières avec d’autres saveurs, à fermentation haute, non filtrées et dont la fermentation continuait en bouteille. Un procédé peu courant sur le marché, le tout soutenu par une imagerie, là encore, décalée, tout en couleurs et douceur. Un pari réussi, même si Éric, enfin disponible et derrière son comptoir, nous avoue qu’à cette époque, « tout le monde nous regardait comme des extraterrestres, on ne savait pas où on allait ».