Un sentiment de vie d'Emilie Charriot

Après avoir adapté Virginie Despentes ou encore Annie Ernaux, Émilie Charriot s’attaque aujourd’hui au Sentiment de vie de Claudine Galea, récit hors norme publié en 2021 aux Éditions Espace 34. Hors norme car au-delà des formes : s’il interroge la manière d’éprouver et de préserver ce fameux « sentiment d’être en vie » malgré le deuil et la mort, le texte lui-même s’offre une liberté pure, sans contraintes de genre, de langue, d’écriture.

Un « objet » inclassable où souvenirs, pensées, fantasmes, citations se mêlent et s’entremêlent ; le passé, le présent, la littérature, le possible de l’écriture, sans respiration. La petite histoire qui raconte la grande. Une mise à nu totale qu’Émilie Charriot porte aujourd’hui sur scène dans un exercice singulier à l’esthétique taillée au scalpel, en dirigeant la comédienne Valérie Dréville au coeur d’un face-à-face tendu avec le spectateur.

« Ce qui m’intéresse ici, c’est de voir Valérie dire ces mots-là, explique la metteuse en scène. Voir comment ce texte-là passe par cette actrice-là. Pour que ça ait lieu, j’ai besoin de tout vider autour. Je fais le pari que l’humain suffit et que dans ce “rien”, il y a tout, tout ce qui est essentiel : un être humain avec qui il va y avoir un échange. C’est palpable justement parce qu’il y a cette nudité autour, ce vide. C’est une évidence pour moi, le plateau nu, ce n’est pas intellectuel mais organique. »

En résulte une pièce résolument atypique, foncièrement curieuse et viscéralement magnétique. 


17 → 27 janvier
Théâtre national de Strasbourg
tns.fr 


Par Aurélie Vautrin