Yann Siptrott est comédien, chanteur, musicien. C’est au coeur du Guensthal dans la région de Niederbronn-les-Bains où vivent ses parents sculpteurs France et Hugues, qu’il a décidé de créer un théâtre forestier. Le prochain spectacle, Molière 401, c’est du 3 juin au 2 juillet tous les samedis et dimanches à partir de 17h30, et ce sera magique.
Qu’est-ce qui vous a inspiré à faire du théâtre forestier?
La toute première idée était en 2003. J’ai commencé à avoir cette envie de sortir le théâtre des murs, parce que je trouvais que le théâtre devenait trop urbain à mon goût. J’avais le souvenir des théâtres populaires. Le Guensthal m’a permis de faire une première tentative avec Shakespeare « Le Conte d’hiver ». Bien plus tard, j’ai rencontré Serge Lipszyc, un metteur en scène qui faisait aussi du théâtre en extérieur et qui a longtemps travaillé en Corse, à l’Aria avec Robin Renucci mais aussi dans toute la France.
Qu’est-ce que le décor extérieur va apporter à la représentation des pièces?
On s’est dit que si on voulait retrouver l’origine et la genèse du théâtre, il fallait le faire comme ça pouvait être fait à l’époque. Sans lumière, hors les murs, sur une place, en nature. C’est aussi une manière pour nous d’alléger le dispositif parce que le théâtre est devenu une économie extrêmement onéreuse, dès qu’on y met de la technique… On voulait revenir à quelque chose de simple et direct. Le texte, les comédiens, la mise en scène et le public.
Le public participe-t-il au spectacle ?
Pas à chaque fois, certaines fois on les prend à partie. Sur certaines pièces on les faisait déambuler, un acte se passait sur la placette, l’autre devant l’atelier des Siptrott, et le troisième à l’étang. Ils ne participent pas à proprement parler, mais avant la pièce, on propose un atelier de 2 ou 3 heures avec le metteur en scène pour s’habituer soit à la langue de Shakespeare soit à celle de Molière, ou même s’essayer à l’alexandrin.
On essaie de faire en sorte que les gens ne soient pas uniquement conviés à un spectacle et rentrent chez eux. On leur propose de participer à une journée, avec un peu de théâtre s’ils ont envie d’essayer, de vivre un moment convivial. Ils peuvent même déguster une soupe arrangée « moliéresque », offerte et préparée par les soins du très bon restaurant Anthon à Obersteinbach, ainsi que boire un verre, discuter et surtout partager. Être juste un peu plus que dans la consommation du moment.
Pourquoi avoir choisi de reprendre les oeuvres de Molière pour ce spectacle-là?
C’était les 400 ans de sa mort l’an dernier mais comme on n’est pas hyper consensuels, on s’est dit que 401, ça marchait aussi et qu’un auteur comme Molière n’avait pas besoin d’être fêté tous les 100 ans ou les 50 ans. Et donc proposer deux pièces emblématiques, de même que des impromptus issus d’autres oeuvres de Molière, le tout dans le cadre d’une folle journée!
Pourquoi particulièrement Le Misanthrope et les Fourberies de Scapin?
Le metteur en scène Serge Lipszyc a une affection particulière pour Le Misanthrope, il l’a beaucoup joué. La pièce dépeint bien les mécanismes de la condition humaine. Et pour faire un contrepoint plus léger, on a choisi les Fourberies de Scapin qui est une machine à farce incroyable et une pièce très populaire. On voulait quelque chose de proche des gens, qui est capable de faire rire tout le monde.
Molière 401
Du 3 juin au 2 juillet 2023, les samedis et les dimanches à 17h30
Théâtre de la Faveur – Guensthal n°3 à Windstein
Par Chloé Loesch et Laure Villard
Photo par Alexis Delon
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