« Il ne faut pas oublier que les métiers et corporations jouaient un rôle essentiel dans l’intégration des nouveaux arrivants puisque les migrations étaient nombreuses, y compris à cette époque. »
Le métier ne fixait pas seulement les salaires et les prix de vente, il permettait aussi l’accès au marché puisqu’il décidait de qui pouvait adhérer ou non. Or, on ne pouvait pas pratiquer le métier sans être pénalisé si l’on n’était pas membre d’un métier et de sa corporation.
Enfin, il ne faut pas oublier que les métiers et corporations jouaient un rôle essentiel dans l’intégration des nouveaux arrivants (les compagnons itinérants par exemple) puisque les migrations étaient nombreuses, y compris à cette époque. Le sceau de la corporation/métier, sa bannière, sa vaisselle, son mobilier, ainsi que le poêle permettait d’identifier le métier et de créer un sentiment d’appartenance au groupe. Le métier assurait la sociabilisation de ses membres dans le cadre du poêle, représentait une famille de substitution et un point d’attache religieux. Les membres du métier assistaient au baptême des enfants, aux mariages et aux funérailles ; ils participaient aux processions religieuses et achetaient pour l’occasion de beaux et grands cierges. Bon nombre de métiers fondaient une confrérie religieuse. Celle-ci assurait aux membres défunts un enterrement digne et un lieu de sépulture, elle priait ensuite pour le salut de leur âme. À l’époque, il n’existait pas de sécurité sociale. C’est pourquoi la confrérie finançait un lit à l’hôpital pour les malades ou compensait la perte de salaire en cas de grossesse.
Les artisans participaient à la politique de la ville : quelle(s) décision(s) pouvaient-ils prendre ? Ce pouvoir vient-il justement de leur pouvoir économique ?
À Strasbourg, le Conseil était composé des patriciens (Constofler) et des représentants des corporations élus pour un an, puis, à partir de 1463, pour deux ans. Le Conseil avait des fonctions législatives et juridiques. Néanmoins, de nombreuses décisions étaient préalablement étudiées en commission (par exemple, les affaires internes à la ville). Mais pour appartenir à ces commissions, il fallait aussi être élu. Là encore, les corporations des commerçants dominaient ; d’ailleurs, la plupart des Ammeister (qui jouaient un rôle semblable à celui du maire aujourd’hui) en était issue. Mais au fond, les représentants des corporations étaient compétents pour toutes les questions locales et leur voix avait un poids réel. Leurs droits politiques et leur pouvoir découlaient certainement de leur poids économique, tout comme de leur importance dans la vie politique, militaire et administrative de la ville.