En dépit de la crise sanitaire, le Michelin a maintenu sa cérémonie annuelle se basant sur sept mois d’ouverture des restaurants. Cette fois en ligne et en direct du restaurant Jules Verne (Tour Eiffel) sans public, sans chichi, sans masque mais avec de la distanciation (ben oui…), elle a vu l’avènement de Mory Sacko (Young Chef Award et première étoile) et de son restaurant MoSuke et l’Alsace se démarquer.
Sept mois et une poignée de jours pour juger de cinq critères (choix des produits, techniques de cuisine, harmonie des saveurs, personnalité du chef et durée dans le temps) pour attribuer une première étoile ? Impossible n’est pas Guide Michelin qui a, cette année, largement étoffé son nouveau prix créé l’année dernière, les étoiles vertes, récompensant les démarches vertueuses et 33 restaurants. On signale tout de même que Claire Vallée à Arès a enfin été auréolée d’une étoile après l’Assiette de l’année dernière, faisant d’Ona le premier restaurant vegan à être distingué. Vanessa Massé – et son restaurant le Pure & V décrochent le Sommelier Award offrant ainsi un beau coup de projecteur a son travail autour des vins naturels.
Côté Grand Est, l’Alsace aligne quelques prix quand la Lorraine repart bredouille…
Au Crocodile (Romain Brillat)
Le Crocodile n’en est pas à sa première étoile mais il est probable que vous n’ayez pas eu le temps de tester sa nouvelle version. Le restaurant avait rouvert fin janvier après plusieurs mois de travaux. Entre-temps, confinements et couvre-feux sont passés par là mais Romain Brillat a persisté et signé des assiettes virtuoses qui s’amusent des classiques y ajoutant ce je-ne-sais-quoi de modernité.
10, rue de l’Outre à Strasbourg
Le Jardin Secret (Gilles Leininger)
Pour être honnête, cette adresse discrète située à La Wantzenau était passée entre les mailles de nos filets. Après un apprentissage Au Crocodile, le cuisinier est passé par Ziegler, les Semailles et au Festin du Lucullus avant de reprendre la gérance du Jardin secret en 2009. En attendant de pouvoir tester sa cuisine qui raconte autant les produits du cru que les saveurs voyageuses, on s’extasie sur carte du traitement réservé au végétal et de la sobriété de ses assiettes. Ça sent l’équilibre et la justesse.
32, rue de la Gare à La Wantzenau
Les Plaisirs Gourmands (Guillaume et Carole Scheer)
Durant la cérémonie, on a aperçu le couple en visio visiblement très ému par cette nouvelle. Un travail acharné qui se retrouve dans des assiettes de haut-vol aussi minimalistes que pointilleuses – le travail des sauces et des assaisonnements est exquis. Vous ne connaissez pas ? Ça tombe bien, la vente à emporter reprend ce week-end (vendredi 22 et samedi 23 janvier 2021) avec du vitello tonnato, des truites des sources du Heimbach, de la poitrine de cochon fermier confite et en dessert, finger chocolat et oranges confites.
35, route du Général de Gaulle à Schiltigheim
Au Gourmet (Ludovic Kientz et Sandie Ling)
Encore un ancien du Crocodile qui y a passé 12 ans et y a d’ailleurs décroché sa première étoile. Il quitte la maison en 2017 pour créer avec sa compagne Sandie (à la somellerie) leur propre restaurant. On quitte avec plaisir la ville pour retrouver une grande et large salle bordée d’un jardin et zieuter les desserts étincellants (déclinaison autour du marron et de la myrtille, waow !) autant que les plats exécutés d’une technicité folle.
4, route de Herrlisheim à Drusenheim
Après une étoile verte accordée à juste titre à L’Alchémille et Jérôme Jaegle l’année dernière on attendait que ce nouveau millésime adopte le restaurant 48° Nord à Breitenbach et la cuisine très très (très) locale, très très organique et très engagée de Frédéric Metzger. Pas pour cette fois.
On se dirigera donc vers les Vosges et la maison familiale l’Auberge Frankenbourg pour apprécier fruits et légumes du jardin, cadre boisé et service enjoué. Si le cadre du restaurant de Thierry Schwartz à Obernai est tout aussi boisé, la démarche du chef est entièrement tournée vers la nature (que ce soit dans l’assiette ou au verre, Thierry Schwartz est d’ailleurs connu pour ravir les papilles des vignerons natures du coin). Dernière étape de la partie green du Michelin ? Au Vieux Couvent by Alexis Albrecht, lui aussi passé par le Crocodile (à l’avenir peut-être faudra-t-il scanner les anciens du Croco pour repérer les futures étoiles ?) : « poissons du Rhin et gibiers du Ried » comme le conte le site du guide rouge. À fond dans le terroir et la gourmandise.
Seulement deux nouvelles deuxièmes étoiles (« les tables qui valent le détour où œuvrent des artisans d’excellence », selon Gwendal Poullennec, directeur du Guide Michelin), dont celle accordée au couple Cédric et Christelle Deckert pour La Merise à Laubach. Il est en cuisine, elle est à la salle, le tout est situé dans un cadre verdoyant. En plateau lors de la cérémonie aux côtés d’Hélène Darroze, Cédric Deckert a confié sa « surprise totale » , a fait chanter notre accent chéri et mis à l’honneur avec humilité le terroir dont il « sublime les produits » chaque jour.
Enfin, après une Assiette accordée au Bistrot d’Antoine (l’Assiette vient récompenser « la qualité des produits et le tour de main du chef »), Antoine Kuster et son équipe se voient remettre un Bib’ pour le rapport qualité-prix, ma foi… au top du top.
Ne reste plus qu’à attendre la réouverture tant attendue des restaurants… et autant dire qu’il faudra encore s’armer de patience et de plats à emporter.
Par Cécile Becker
Nous avions déjà évoqué, dans notre numéro de la rentrée, Hopla, le nouveau livre pop dédié à la cuisine alsacienne, signé Floriane Dumen. Pour célébrer l’arrivée des beaux jours, on y pioche une recette de tarte à la rhubarbe meringuée que l’auteure a héritée de sa mère.
Son ouverture a été maintes fois reportée, mais désormais ça y est : depuis décembre dernier, Kooma, le nouveau tiers-lieu dédié à l’alimentation bio et durable a ouvert ses premiers espaces au sein de l’ancienne Manufacture des tabacs. Tour d’horizon de ce nouveau repère de gourmets.
Encore une nouvelle adresse voguant sur la vibe flamb' ? Le nom du restaurant, emprunté au film culte de Georges Lautner, donne à lui seul le ton : les gangsters faisant la loi ici ne font pas semblant, prouvant que la truculence n'interdit pas le sérieux.
Bien accueillir le printemps, c'est surtout faire fi des mois grisâtres hivernaux en passant le plus de temps possible… dehors ! De préférence avec un cocktail à la main, sur le rooftop du restaurant l'Archipel de l'AC Hotel by Marriott, l'un des derniers fleurons du Naos Hôtel Groupe, avec son dernier étage au panorama à tomber sur la capitale européenne.
