Au milieu des années 1980, le marché du flight-case est encore balbutiant dans l’Hexagone alors que la plupart des prestations nécessitant du son et des lumières sont assurées par des sociétés britanniques. Le boom de l’événementiel va cependant lui donner l’occasion de faire valoir son expertise sur le transport et l’emballage de matériel. « Aujourd’hui, tout est événementiel. Dans l’automobile, la présentation d’un nouveau modèle va générer un spectacle avec du son et des lumières. Même chose pour les défilés de mode », détaille Claude Walter.
À côté de cela, son entreprise fabrique, répare et commercialise des percussions ainsi que du mobilier d’orchestre allant de la chaise à l’éclairage de pupitre. L’Orchestre de Radio France, son homologue de l’Opéra Bastille, le Berliner Philharmoniker et l’Orchestre Bolivar figurent dans le carnet d’adresses de Rythmes et Sons.
Depuis, il convient d’y ajouter Dior, Thales ou encore l’écurie de Sébastien Loeb. Non pas que le nonuple champion du monde des rallyes se soit laissé aller à pousser la chansonnette, mais il cherchait une solution pour transporter ses disques de frein en carbone en toute sécurité.
Pour ses prestigieux clients, les équipes de Rythmes & Sons établissent des produits sur-mesure selon les préceptes de l’artisanat. Une fierté pour le clan Walter. « Ce qui est important, c’est d’essayer de comprendre les gens et de leur proposer des solutions. Nous avons une obligation de résultats en matière de sécurité et il serait extrêmement dangereux de pouvoir penser que l’on peut s’en soustraire », reconnaît Claude. La meilleure illustration de cette philosophie se trouve vraisemblablement chez Thales, groupe d’électronique spécialisé dans l’aérospatial, dont le retour fut élogieux : aucune caisse cassée et zéro blessé recensé l’an dernier. Ergonomie toujours.
Ce nouveau virage pris par la société bas-rhinoise devrait bientôt être symbolisé par la création d’une nouvelle entité commerciale à destination de clients pas forcément portés sur la grande musique. « L’image de Rythmes & Sons est plutôt reconnue et bonne dans le monde de l’évènementiel. En revanche, on a un déficit de crédibilité vis-à-vis de l’industrie », souligne M. Walter.
Surtout que le besoin de trouver de nouveaux débouchés repose sur un triste constat. « En Europe, la pratique de la musique est en recul malgré des infrastructures conséquentes, développe-t-il. C’est aussi une tendance culturelle, l’apprentissage de la pratique musicale est quelque chose d’ingrat qui demande beaucoup de travail et implique des sacrifices personnels qui sont moins dans l’air du temps. En France, on ne l’aborde pas de manière suffisamment ludique. On ne demande pas aux jeunes ce qu’ils ont envie de jouer tout en insistant sur la connaissance parfaite du solfège. Il faudrait réajuster cela dans le but de favoriser la pratique ». Sur le coup, les cloches de Francfort, situées en contrebas, n’ont pas bronché.