Refuge de haut vol : Le Collet

Accroché au flanc de la crête vosgienne, au détour d’une route de montagne entre Gérardmer et Colmar, le Collet apparaît, élégant chalet fait de pierres et de bois, aussi chaleureux et accueillant qu’une maison de famille.

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Il y a, lorsqu’on entre au Collet, un sentiment réconfortant caractéristique des lieux dont les murs bâtis pierre par pierre racontent une histoire, des rêves et des passions. L’impression d’avoir déjà été dans ce lieu s’associe à l’air familier des visages qu’on y croise. Peut-être est-ce la paire de skis anciens, les luges en bois et les éléments d’art populaire distillés çà et là qui nourrissent l’imaginaire. Ils nous projettent dans les années 60, alors que Gaëtan et Jeanne-Marie Lapôtre, affectueusement surnommée Maïe, se lançaient le défi un peu fou de construire un lieu à leur image, authentique et convivial, quelque part à 1 100 m d’altitude entre le col de la Schlucht, La Bresse et Gérardmer sur les hauteurs de Xonrupt, autrement dit au milieu de nulle part. C’était l’époque des bons copains et du travail à l’huile de coude.

Le Collet ouvre ses portes en 1969, self-service pour les skieurs au rez-de-chaussée, restaurant au premier et 22 chambres pour accueillir les badauds de passage. Un lieu authentique, joyeux et simple, fourmillant de tranches de vie, un refuge pour tous dans un cadre de nature pur et intact.

© Grégory Massat

Un lieu qui a vécu et qui vit toujours 

En 1986, suite au décès de son père, Olivier Lapôtre reprend la main, lui-même fort d’une expérience dans des établissements gastronomiques de renom tels que le restaurant doublement étoilé La Bourride à Caen ou Les Abbesses à Remiremont. Au Collet, Olivier apporte de la modernité en cuisine, opère des changements en douceur, quelques rénovations au fil des années et en 2022 une extension de taille, avec la création d’onze nouvelles chambres, d’une salle de séminaire et d’un spa. Désormais aux commandes, sa fille Sidonie représente la troisième génération de cette institution familiale qui l’a vue grandir : « Le Collet allie la modernité à la chaleur du chalet de montagne. On aime les choses simples et on ne voulait pas trop aseptiser, c’est pour ça qu’il y a beaucoup de bois, de couleurs foncées. Nous avons une clientèle fidèle qui m’a vue naître et nous voulons garder l’esprit cocon de notre famille. »

Quand la partie historique affiche du bois du sol au plafond dans un esprit traditionnel montagnard, la nouvelle extension s’affranchit des codes pour flirter avec plus de modernité, tout en gardant les éléments caractéristiques de la montagne. Dans les chambres agrémentées d’une terrasse, de la pierre naturelle est alliée à du mélèze, une lumière indirecte est insérée dans le mobilier design et l’on devine en transparence une salle de bain contemporaine derrière la cloison vitrée aux reflets verts qui rappelle la forêt. Au Collet, l’essentiel du mobilier, des lits aux bureaux, des lampes sur pied à la magnifique claustra ont été réalisées par la menuiserie locale Le Bois à cœur, tandis que pour le souci du détail, Olivier fait confiance à son ex-femme Véronique, qui vient distiller de petits éléments de décoration au gré des saisons. 

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Quand le beau et le bon s’harmonisent

La signature du Collet repose également sur sa table de montagne où « donner envie et faire plaisir » semble être la définition de la cuisine telle qu’on la découvre sur la carte. Aux fourneaux, Julien Claude a fait ses armes notamment auprès de Yoann Conte à Annecy et d’Alexandre Mazzia, chef triplement étoilé à Marseille. De retour dans ses Vosges natales, le chef utilise aujourd’hui toute la richesse de ses expériences au service d’une cuisine intégralement faite maison et relooke avec audace et subtilité le terroir local, mettant en valeur les produits de saison. « On essaye d’être engagés et écoresponsables, explique Sidonie. Julien a son propre fumoir où il fume ses poissons, tous les jours il va cueillir ses fleurs pour décorer ses assiettes ou ramasser les cèpes dans la forêt. » En respect des circuits courts, au Collet, les fromages proviennent de La Cave au Géromé, les différentes variétés de pains de la boulangerie locale Au Pain de mon Grand-Père et la carte des vins est intégralement élaborée par Sidonie qui possède une cave à vins à Gérardmer. « Nous travaillons également avec la charcuterie Pierrat au Tholy et avec une amie de ma grand-mère qui nous fournit quelques viandes et des œufs de sa ferme. »
Tous les jours à l’heure du dîner, un menu en sept plats est proposé aux clients en demi-pension, tandis qu’à la carte, quatre options d’entrées, de plats et de desserts sont déclinées et changent au fil des saisons. Des assiettes généreuses, gourmandes et créatives à l’image de l’œuf de poule heureuse, cuit à 64 degrés, et ses lentilles du Gaec des Grands Prés en ravigote, du filet de truite du Heimbach en vapeur accompagné de purée de rattes et d’une sauce au foin, ou de la création d’Olivier Lapôtre, la persillade de lapin dans une carotte et son gel pamplemousse. Côté sucré, la cheffe pâtissière Chloé Lonjaret élabore des douceurs plus alléchantes les unes que les autres, de l’entremet façon cheesecake à la figue, sublimé de touches de noix, au délice poire-cardamome et son rocher granola. 

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Un écrin à l’écart de toute agitation

Dans le spa de 450 m2  alliant avec élégance le bois clair, la pierre de granit et les éléments douillets, la piscine intérieure chauffée en inox invite à faire quelques brasses et séduit par ses options d’hydromassage et de nage à contre-courant. Le jacuzzi, le sauna, le hammam et le bain finlandais extérieur apparaissent idéaux après une journée de randonnée ou de ski au grand air tandis qu’une cabine est dédiée sur réservation aux soins et aux massages. Situé à 1 110 m d’altitude, le spa « le plus haut du Grand Est » est alimenté à l’instar de tout l’hôtel par une source d’eau pure qui lui a donné son nom. Après un moment de détente totale et un délicieux repas, on s’installe volontiers au bar, déguster un dernier verre près de la cheminée et profiter par la grande baie vitrée de l’immensité du ciel étoilé épargné de pollution lumineuse. L’instant est parfait. 


Le Collet
9937, route de Colmar à Xonrupt-Longemer
03 29 60 09 57
chalethotel-lecollet.com


Par Emma Schneider
Photos Grégory Massat