Hôtel des Berges, l'essentiel

À Illhaeusern, l’Hôtel des Berges s’est agrandi : avec 18 chambres, une caravane Airstream et un spa conçu par les architectes Patrick Jouin et Sanjit Manku, il dépasse les frontières de l’hospitalité en offrant l’occasion de se ressourcer dans un lieu incomparable.

Hôtel des Berges-Spa des Saules ©Alexis Delon / Preview
Hôtel des Berges-Spa des Saules - Photo : Alexis Delon / Preview

Il y a plus de 150 ans, la famille Haeberlin créait à Illhaeusern l’Auberge de l’Ill, étoilée depuis 1967, fleuron de la gastronomie alsacienne. Son histoire avec le cabinet d’architectes Jouin Manku commence en 2007, lorsque Marc Haeberlin et sa sœur Danielle Baumann le sollicitent pour repenser l’architecture intérieure de leur restaurant.

S’ensuit une collaboration pour un autre projet d’envergure : la brasserie Les Haras à Strasbourg, auréolée du Prix du meilleur design de restaurant au monde par The Restaurant & Bar Design Awards, en 2014.
Fin 2011, l’époux de Danielle, Marco Baumann, directeur de l’Hôtel des Berges qui jouxte le restaurant depuis 1992, et leur fils Édouard, en charge de la communication et du marketing, font appel à Patrick Jouin et Sanjit Sanku pour réaliser leur projet d’agrandissement de cet hôtel cinq étoiles.

« La quasi-totalité de nos clients viennent pour manger au restaurant gastronomique et font un séjour de courte durée. L’idée était de pouvoir leur proposer un prolongement de l’expérience vécue et de leur permettre de se poser le lendemain, profiter d’un massage, d’un moment de détente », explique Édouard Baumann.

Après quatre ans de gestation, « d’échanges, d’esquisses, de croquis », et deux ans de travaux, une nouvelle annexe a ouvert ses portes : le Spa des Saules, un lieu dépouillé, mélange de pierre, de béton, de chêne… « Patrick et Sanjit sont partis sur l’idée d’une ferme alsacienne, une grange réinterprétée avec des matériaux bruts. Dans un spa, on est en maillot ou en peignoir, on ne triche pas. C’est pareil pour le bâtiment qui n’a pas été habillé : c’est un endroit épuré dans lequel on se sent bien parce qu’il n’est pas trop chargé », précise Édouard.

Une matière mise à nu qui invite à se centrer sur l’essentiel : 800 m2 dédiés à la relaxation, la détoxication, voire la méditation. De l’extérieur, une imposante charpente de bois et son toit de tuiles anthracites enveloppent un volume de béton brut. Au rez-de-chaussée, se trouvent en enfilade quatre cabines de soin, un sauna, un hammam, un bassin à 13°C, un bain chaud se prolongeant en extérieur par un jacuzzi, de vastes espaces de repos aménagés avec notamment un canapé en pierre chauffée, semblable à un galet poli à chaleur irradiante, une pièce unique coulée sur place par le sculpteur David Deshommes. L’endroit tout entier est composé de détails de l’ordre du prototype, de l’inédit, qui le rendent singulier, à mille lieues de l’univers aseptisé d’un spa classique. 

Hôtel des Berges-Spa des Saules ©Alexis Delon / Preview
Hôtel des Berges-Spa des Saules - Photo : Alexis Delon / Preview

À l’entrée, dans la partie vestiaire, aucune fixation n’est visible ; les portes en verre fumé dissimulent leurs gonds, les coiffeuses sont suspendues. Seul détail mis en lumière, comme un fil conducteur déjà présent dans l’assiette de Marc Haeberlin : la feuille de saule que l’on retrouve çà et là, dans une représentation minimaliste et graphique, tantôt en bois, tantôt sculptée dans le béton. On la retrouve jusque dans les soins réalisés avec les produits biologiques Nature Effiscience Made in Alsace ; une huile de saule blanc a été exclusivement développée pour le Spa des Saules. Ses vertus soulagent les douleurs articulaires et musculaires.

À l’extérieur, un couloir de nage en inox (chauffé) longe le bâtiment sur 20 m. Au fond du parc, réalisé en collaboration avec l’architecte Silvio Rauseo, trône une caravane Airstream en aluminium datant de 1972, transformée en chambre de luxe de 18 m2 après avoir été entièrement désossée, poncée, isolée, capitonnée de cuir. Un logement insolite qui s’intègre harmonieusement au décor.

À l’étage, les cinq juniors suites offrent une surface de 40 m2 et une hauteur sous charpente apparente s’élevant à 7 mètres : du mobilier sur-mesure dessiné par Jouin Manku, un écran élégamment camouflé, des points de lumière judicieusement pensés, des panneaux coulissants, une vue sur la nature environnante, une terrasse privative pour mieux la contempler. Puis il y a « un endroit hors du temps, avec une ambiance qui emmène l’esprit ailleurs » : une chapelle œcuménique dont la voûte s’habille d’un mapping, la transformant en voie lactée, en ciel nuageux ou en plafond végétal, sur fond de musique apaisante.

On y lit, y médite, y fait sa petite prière pour que cette parenthèse pacifique se prolonge, se répande, s’éternise. « En bas, on prend soin de son corps, à l’étage, on s’élève, on prend soin de son esprit », raconte Édouard Baumann. S’élever, se ressourcer, se recentrer dans un havre où rien n’est superflu même si tout a été pensé dans les moindres détails…

Hôtel des Berges-Spa des Saules ©Alexis Delon / Preview
Hôtel des Berges-Spa des Saules - Photo : Alexis Delon / Preview

Hôtel des Berges-Spa des Saules
4, rue de Collonges au Mont d’Or à Illhaeusern


Par Séverie Manouvrier
Photos Alexis Delon / Preview