Atelier Boketto,
chapellerie artisanale

S’offrir un chapeau fait main est l’un de ces petits luxes auquel on ne pensait peut-être pas… Julie Rudloff n’imaginait pas qu’elle deviendrait avec Atelier Boketto la seule chapelière exerçant ce métier rare et artisanal dans la capitale alsacienne.

Atelier Boketto, chapellerie sur-mesure à Strasbourg
Julie Rudloff dans l'Atelier Îlot - Boketto, à la Kruteanau, à Strasbourg. Photo : Arianne Perez

Mais comment en arrive-t-on à rejoindre la nouvelle garde de la chapellerie ? Chez Julie Rudloff, 28 ans, la vocation est certainement née alors qu’elle regardait distraitement au loin. Au Japon, cet état d’âme où le regard se perd, parfois d’ennui, a un nom : Boketto. Pour elle, ce n’était pas encore le nom de sa marque de couvre-chefs, juste une petite voix qui lui a fait comprendre que son épanouissement était peut-être ailleurs qu’à Montréal, où elle travaillait pour un prestigieux cabinet d’audit. Il faut tout de même quelques bonnes raisons pour laisser derrière soi une carrière toute tracée, et revenir en Alsace s’y installer en tant que chapelière. La première fut de se rendre compte qu’elle n’était pas la même lorsqu’elle était chapeautée : « Un de mes seuls plaisirs était de porter mon chapeau préféré quand j’allais et partais du bureau. Je le trouvais beaucoup plus stylé et pratique qu’un parapluie. Mais surtout, un sentiment feel good m’habitait quand je le portais : je me sentais étrangement plus singulière et confiante. La journée pouvait commencer et se terminer sereinement. » Il fallut ensuite apprendre les savoir-faire, ce qu’elle fit en prenant assidument des cours le week-end. Un business plan et un déménagement plus tard, c’est cet été, dans un atelier partagé de la Krutenau, qu’elle a installé Atelier Boketto, armée de sa cloche à vapeur, de ses cônes en feutre et de ses formes de bois.

C’est d’ailleurs le feutre qu’elle affectionne le plus, cette matière souple, pensée pour durer, qui se travaille à l’instinct, s’étire et se façonne d’un geste caressant mais ferme. Même si elle sait que la paille fera de jolis canotiers cet été. Il parait que nous enturbanner est aussi de son ressort. Ses turbans ont le bon volume et ça tombe bien, les filles d’aujourd’hui les adorent, tout comme le bob qu’elle travaille dans les chutes des divins velours côtelés de la société alsacienne Velcorex.

Un autre mot japonais intraduisible qui lui irait comme un gant ? L’irigaï, qui signifie « La raison de se lever le matin ». Facile lorsqu’on porte son feutre fétiche sur sa tête.


Atelier îlot – Boketto
8, place des Bateliers à Strasbourg


Par Myriam Commot-Delon
Photos Auriane Perez