Sobo lance son jean révolutionnaire

Sofiane Rahmani et Kavi Satch, deux trentenaires au départ infographiste et commerciale, ont pris un virage à 360 degrés en créant leur entreprise de prêt-à-porter il y a un an. Sobo, marque éco-responsable alsacienne, a fait ses débuts avec la commercialisation d’une ligne de polo et continue avec l’élaboration d’un jean révolutionnaire. Entretien avec Kavi Satch.

Sobo Jeans, Sofiane Rahmani et Kavi Satch
Sobo, Collection X789.

Comment est née la marque ?
C’est une très jeune entreprise qui existe depuis le 1er juillet 2019. L’idée est née dans l’esprit de Sofiane, grand fan de mode, qui a voulu se lancer. Il a passé beaucoup de temps à faire des recherches, pour arriver à imaginer quelque chose de responsable et qui avait du sens. Je l’ai rejoint dans ce projet et on a monté la société ensemble. C’était une passion pour Sofiane et une découverte pour moi. Pour ma part, je suis aussi devenue maman et ça m’a vraiment ouvert les yeux. Je faisais attention à tout ce que j’achetais. Cette réflexion, je l’ai d’abord eu par rapport à mon enfant puis je l’ai élargi : c’est notre façon de consommer qui doit changer. Il faut que ce soit démocratisé, pas seulement dans l’alimentaire mais aussi dans le textile, qui est une des filières les plus polluantes.

Que veut dire Sobo ?
L’idée était de créer une signature qui se prononce et se retient facilement. Le nom de la marque est né d’un jeu de mot entre le diminutif de Sofiane et le mot « bio ». Mais ça a donné quelque chose d’un peu lourd donc on a supprimé le i.

Après le polo, pourquoi le jean ?
Notre volonté est de revisiter les incontournables du dressing. Et, le jean fait partie des pièces qu’on utilise souvent et qu’on aime beaucoup porter. Mais ce jean fait en denim, il est polluant. Avant d’arriver en magasin, il a fait une fois et demi le tour du monde ! C’est pour ça qu’on a décidé de le revisiter avec une matière responsable et en circuit-court.

Pouvez-vous nous parlez de cette notion de circuit-court dans votre projet ?
Le circuit-court est assez représentatif de cette mode responsable. L’idée était de faire un produit qui n’allait pas parcourir des kilomètres. Comme il n’y a pas d’atelier de confection de jean en Alsace, on a choisi l’atelier le plus proche à Lyon. On s’amuse à mettre en avant le fait que ce soit à seulement 3/4h à vol d’oiseau pour montrer que ce n’est pas loin. Dans notre produit, ce n’est pas seulement la matière qui est responsable mais l’empreinte carbone qui est faible.

Vous semblez apporter une réelle importance à la notion de transparence, sur la provenance des matières, la composition, les lieux de fabrication..
Oui c’est très important pour nous que le consommateur sache réellement ce qu’il va porter. Il y a beaucoup de produits qui sont « made in France » et, en réalité, on ne sait pas trop d’où ils viennent. La provenance est indiquée sur chacun de nos produits. La première collection était concentrée sur l’usage de la teinture végétale, qui ne se faisait pas en France mais en Inde. On a été totalement transparent là-dessus.

Comment fabrique-t-on un jean responsable ?
Ce sont les matières qui confèrent au jean. On a choisi l’alliance d’un coton certifié BCI et du Lyocell, matière synthétique mais biodégradable se rapprochant de l’effet denim grâce à sa résistance.

Sobo Jeans, Sofiane Rahmani et Kavi Satch
Sobo, Collection X789.

Pourquoi avoir nommé le jean X789 ?
C’est un jeu de mots qui se prononce « dix-sept cent quatre-vingt-neuf ». On a choisi les trois chiffres pour les trois départements : 67 (Bas-Rhin), où se situe le bureau d’étude, 68 (Haut-Rhin) qui correspond à la provenance de la matière et 69 (Rhône) pour l’atelier de confection. Le X vient compléter le tout pour représenter le 10 et pouvoir être prononcé 1789. L’idée était de faire référence à l’histoire de France et à sa Révolution. Avec nous, c’est la révolution du jean.

Pourquoi avoir fait le choix d’une campagne de financement participatif ?
L’idée était d’intégrer les clients dans la campagne pour leur donner la possibilité de choisir le produit et de nous soutenir. C’est aussi un moyen de voir si notre idée plait en confrontant notre produit aux consommateurs. Et puis surtout, cette campagne nous permet de faire une production maitrisée. On voulait à tout prix éviter la surproduction et répondre à la demande. On a quand même prévu un stock supplémentaire pour de la vente mais on ne veut surtout pas produire en grosse quantité, ce qui serait polluant.

Où en êtes-vous dans la commercialisation de votre jean ?
La bonne nouvelle, c’est qu’au bout d’une semaine du lancement de la campagne on avait dépassé les 100 ventes, donc le premier objectif. Comme le produit plait, on est sûr de le faire. La fin de la campagne est prévue pour le 19 novembre et à partir de cette date, on commencera la production.

Où est-ce qu’on peut acheter le jean ?
En-dehors de notre site e-commerce et des sites revendeurs, on a effectivement des boutiques physiques dont une à Strasbourg. On peut trouver nos produits au CONCEPT Fibres & Formes de la rue Sainte-Madeleine.

Quels sont vos projets ?
On travaille actuellement sur deux nouveaux projets. Cet été, en parallèle du jean on a commencé à travailler sur le lin, la matière la plus française, qui est également filée et tissée en Alsace. Pour le produit, on a quelque idées mais on est encore sur des phases de test donc on ne préfère pas s’avancer.


Sobo Store


Par Ysé Rieffel