Agriculteurs, petits producteurs, consommateurs et restaurateurs ont aujourd’hui la volonté d’exprimer leurs besoins et de les faire coïncider aux exigences de l’usage. Ainsi, un nouveau lieu verra le jour fin 2020 dans l’ancienne Manufacture des tabacs, où un îlot central sera aménagé en espace de vente de produits locaux en agriculture bio. Ce projet doit rayonner sur tout le département avec la création d’un collectif autour d’un noyau, Manufacture L.A.B., piloté par la Fondation Terra Symbiosis. Ce collectif évolutif a pour but de développer l’agriculture locale, de fédérer les consommateurs, les restaurateurs et les producteurs autour de critères de qualité, de proximité, de respect des labels et de démontrer l’intérêt à travailler ensemble.
Les enjeux sont de taille puisqu’il s’agit de contrer les effets dégradants de l’industrie agroalimentaire, de la culture fast food et de la standardisation des goûts. Il s’agit aussi de défendre la biodiversité alimentaire, de promouvoir les effets bénéfiques d’une alimentation locale et non dégradée par les pesticides et les transports au long cours. Producteurs, acteurs économiques, cuisiniers de cantines ou d’étoilés, chargés de mission, responsables de filières et élus sont impliqués face au premier maillon de la chaîne : le consommateur.
Le consommateur a une véritable responsabilité, qu’il exprime dans le choix de ses produits, sa manière de cuisiner, de déguster mais aussi sa manière de s’informer et de demeurer un observateur éclairé face aux sirènes du tout bio et de ses dérives mercantiles. Cela vaut également pour les restaurateurs. À Strasbourg, des jeunes chefs pratiquant d’une bistronomie consciente et responsable, aux chefs bien implantés en passant par les adresses bien connues du grand public, on constate que la question du circuit court traverse toutes les échelles de la restauration. Pourquoi ? Quels avantages ? À la Binchstub, c’est clair : le lien intime aux produits prime. Régis Nombret, le patron, parle aussi d’une responsabilité face aux petits producteurs…
Étrangement, ce n’est que récemment que le Guide Michelin s’est doté de sa nouvelle marotte : un macaron vert, destiné à valoriser les restaurateurs qui travaillent en circuit court, avec des petits producteurs.
Un exercice qui a récemment provoqué la consternation de certains agriculteurs. Une poignée de chefs glorifiés n’hésite pas à utiliser le nom d’agriculteurs pour attester d’une démarche vertueuse auprès de leur clientèle (et des critiques…), agriculteurs se retrouvant en bout de chaîne, payés avec plusieurs mois de retard, voire tout simplement pas… Un grand lavage à grands coups de labels, de tampons, d’arrangements avec la réalité et de lois marketing qui ne remplacera donc pas la vigilance, l’information et le véritable lien humain.
À chacun d’entre nous de créer le circuit court du lien, du faire et de la confiance pour ré-enchanter la philosophie autour des plaisirs de la table et du partage.
Les points de vente en circuit court de l’Eurométropole sur le site : www.cartotheque.strasbourg.eu
Spécial confinement : Une carte interactive a été lancée par Arnaud Guittard et Thomas Cruzo (repérée dans le très bon article de Rue89 Strasbourg) : ils invitent les structures qui proposent drive et produits à emporter à remplir leurs informations. La carte est régulièrement mise à jour.